Tontines informelles : police nationale, au-delà d’un simple démenti…

Un message signé le 23 septembre 2023 du directeur général de la police nationale alerte l’opinion sur les risques liés aux tontines informelles organisées par des individus sans cadre légal, avant l’édiction des règles devant dorénavant régir telles activités. Le message contenu dans un document word semble revêtir toutes les formes d’un document officiel, sauf que ce n’en est pas un, au final.

La Police nationale n’est pas à l’origine du message ci-dessous“, peut-on lire ce matin du 26 septembre sur le compte facebook officiel de la police nationale, en pièce jointe le faux message en image frappé d’un panonceau rouge “Fake news”.

Les médias qui ont traité cette information se sont rendus coupables de non vérification préalable de l’authenticité du document, faute qui a pu être rapidement corrigée, mais la réaction de la police ne peut se limiter à un simple démenti.

De la nécessité d’ouvrir une enquête

La fabrication et la publication de ce faux message incorporé dans un document portant écusson de la police nationale et signature manuscrite du directeur général de l’institution relèvent de la communication publique.

La communication publique est une communication d’intérêt général émise par les organismes publics, pour entretenir le lien et les rapports sociaux avec les populations, c’est un échange intermittent entre une logique unilatérale hiérarchique institutionnellement dominante et un contact des usagers avec l’administration. Une telle communication pour être efficace doit se fonder sur la fiabilité, la crédibilité, et la légitimité des émetteurs. Mais toutes ces vertus et valeurs peuvent être érodées par la désinformation et l’intoxication, et à terme, la communication publique peut perdre ses ressorts nécessaires à l’atteinte des objectifs.

S’en tenant à ce développement, et pour sauvegarder les intérêts de la communication publique, la police doit ouvrir une enquête et se donner les moyens, au-delà du démenti, d’identifier et de traquer les tenants de l’usine à fabrication de ce faux message qui agite tant l’actualité depuis hier.

S’abstenir d’une telle action créerait les conditions favorables à la commission de ce genre d’infraction dans l’espace public, ce qui peut conduire demain à des conséquences graves pour l’ordre public, la cohésion sociale et la stabilité nationale, en concevant l’information comme une dynamite qui peut exploser tout un pays.

Quid du procureur de la République?

Les légalistes puristes peuvent considérer que dans le cas d’espèce, la police elle-même, étant victime de la désinformation, n’est plus compétente pour ouvrir et mener l’enquête, de peur que la procédure souffre d’impartialité et d’indépendance. Il revient, postulant ainsi, au procureur de la République de se saisir de ce dossier et de désigner une unité d’enquête compétente ou une autre unité de police judiciaire pour investiguer et trouver les auteurs de la fabrication et de la diffusion du message incriminé.

De toute façon quel que soit le poursuivant, le but serait d’enclencher une procédure qui pourrait aboutir à l’appréhension des fautifs ou soit servir de message fort lancé à l’adresse de ceux qui prennent le vilain plaisir d’utiliser des sceaux de la République pour générer des faux messages qui jettent du discrédit sur la communication publique et qui peuvent créer des préjudices aux administrés.

Yves Galley

Open chat
Contactez-nous au besoin. (équipe afrikdepeche.tg)