Les tensions sécuritaires au Sahel atteignent un nouveau sommet. Quelques jours après les attaques meurtrières à Bamako, les autorités maliennes, burkinabè et nigériennes ont décidé de renforcer leur dispositif de surveillance en s’équipant d’imagerie satellitaire russe.
Réunis en début de semaine pour une réunion d’urgence, les hauts responsables militaires des trois pays ont annoncé une série de mesures visant à améliorer la sécurité dans la région. Selon le journal L’Opinion, un accord a été signé avec Glavkosmos, filiale de l’agence spatiale russe Roscosmos, afin d’obtenir des données satellitaires en temps quasi réel.
Un atout stratégique ou un leurre ?
Si l’imagerie satellitaire représente un atout indéniable pour la surveillance de vastes zones, certains experts restent sceptiques quant à son efficacité dans le contexte sahélien. « Les images satellites peuvent être très utiles pour surveiller des infrastructures fixes, mais elles sont moins efficaces pour détecter des mouvements rapides, comme ceux des groupes jihadistes qui se déplacent souvent dans des zones désertiques », explique Didier Castre, ancien commandant de l’opération Serval.
L’ancien militaire souligne également le caractère statique de ces images : « Une photo satellite, c’est une photographie prise à un instant T. Or, la situation au Sahel évolue très rapidement. Il est difficile d’agir efficacement sur la base d’informations qui peuvent être obsolètes en quelques heures seulement ».
Des drones, mais pas de renseignement
Les trois pays disposent déjà de drones turcs TB2, reconnus pour leur efficacité. Cependant, ces engins volants ont besoin d’un renseignement précis pour être utilisés de manière optimale. « Le problème, c’est qu’il manque un maillon essentiel : le renseignement humain », poursuit Didier Castre. Sans une bonne connaissance du terrain et des réseaux jihadistes, les drones risquent de voler à l’aveugle.
En quête d’alternatives
Face à l’ampleur de la menace jihadiste, les pays du Sahel sont confrontés à un défi de taille. Si l’acquisition d’équipements militaires sophistiqués peut sembler être une solution, les experts s’accordent à dire que la lutte contre le terrorisme nécessite une approche globale, combinant action militaire, développement économique et dialogue avec les populations.