Les Éperviers reviennent de Malabo un point dans l’escarcelle, grâce à une prestation aboutie à la limite, abstraction faite des approximations à corriger, notamment le cadrage du porteur de balle, la gestion des transitions et des espaces, le réalisme devant le but, l’organisation structurée du contre-pressing et la progression offensive par l’axe.
À Malabo, Nibombe Daré a procédé à une modification tactique pour évoluer en 3-2-4-1. Trois défenseurs centraux avec Dzene à la base dans un rôle de libéro, comme nous l’avions réclamé dans notre analyse du match Togo-Libéria, à ses côtés Loïc Bessile et G. Akueson ; 2 milieux récupérateurs, Aholou et Titi, 2 milieux relayeurs (Amenyido et Karim) et deux milieux excentrés (Narey et Evra) ; Kevin Denkey largué seul en pointe.
Dans l’ensemble, les Éperviers ont montré du caractère et de la personnalité avec un engagement plus accentué. Menés par deux fois, ils ont su revenir au score, mais l’égalisation du 2e but par Laba dans les dernières secondes du temps additionnel alors que les Équato-Guinéens croyaient avoir déjà monopolisé les 3 points de la journée aura achevé de convaincre les observateurs de la nouvelle dynamique enclenchée par Nibombe Dare. Mais des lacunes persistent, la plus fatale reste la gestion des transitions défensives avec de mauvais replacements et les retours très lents des défenseurs qui montent. L’illustration parfaite renvoie au mouvement ayant conduit au 2e but encaissé par Agbolossou.
Autopsie du 2e but
Sur une rentrée de touche de Atte à la 74e, Romao, Bessile et Akueson montent et se positionnent autour de l’arc de cercle de la surface de réparation adverse. Akueson aura même renvoyé de sa position et de la tête un deuxième ballon dégagé par la défense. Et c’est ce ballon qu’un défenseur adverse dégage et qui atterrit directement sur Dzene dans notre camp. Le capitaine des Éperviers, à la réception, fait une passe de la tête latéralement à Bessile. Ce dernier n’avait aucune solution de passe à proximité, et sous la pression d’un adversaire, tente de renvoyer la balle à l’emporte-pièce, mais bute sur l’attaquant adverse qui lui était collé au dos. Celui-ci lance une incursion vers la surface de réparation.
En décomposant la séquence, le premier épervier qui arrive du milieu axial était à une vingtaine de mètres de la zone d’action, Akueson était à peine au niveau du rond central, ce qui dénote de la lenteur de son repli. La balle était déjà entre les pieds du buteur, Akueson arrivait dans la nouvelle zone d’action au moment où Jannick Buyla armait sa frappe, avec un retard de quelques centimètres. Il n’a donc pu empêcher la frappe, quand bien même il avait la possibilité, dans telle situation, de se jeter pour tacler la balle, quitte à provoquer un penalty.
Il faut souligner que Dzene, après sa passe de la tête à Bessile, a manqué de faire un mouvement vers son partenaire – le « passe et suit » dans le jargon technique –, un exercice fondamental dans les centres de formation. S’il fit ce mouvement, il aurait été une solution de passe privilégiée à Bessile, qui pouvait s’appuyer sur lui et ainsi éviter un renvoi de la balle en catastrophe. Bessile avait par ailleurs la possibilité de mettre, le plus simplement possible, la balle en touche en vue de favoriser la réorganisation de la défense. Aussi a-t-il manqué le bon cadrage du porteur de balle dans un élan d’agressivité modérée. Ce dernier, même suivi, s’est projeté sans contrainte majeure et a eu l’opportunité d’adresser une bonne passe à son partenaire dans les meilleures conditions pour marquer le but. L’ensemble de ces manquements nous coûte tout bonnement un but assassin.
Vaste chantier
Relevons qu’il existe une grande disparité au niveau athlétique chez les Éperviers, ce qui crée bien souvent le défaut de synchronisation et de l’expression de l’intelligence collective dans l’exécution des mouvements sur certaines phases de jeu. Avec l’Algérie, le rythme de jeu sera un peu plus élevé et l’engagement physique plus important. Conséquence, quelle que soit la densité du bloc défensif mis en place, les transitions offensives des Fennecs vont s’enchaîner, et le plus souvent à la vitesse de l’éclair, ce qui nécessite pour Dare, une restructuration et une réorganisation des transitions défensives. De loin, tenant compte des profils des joueurs à sa disposition dans la défense, en repensant le jeu, l’on peut se demander s’il est permis d’autoriser, sur les transitions offensives, la montée de certains joueurs de la défense centrale au-delà de la ligne médiane, comme ce fut le cas d’Akueson sur le 2e but.
La fermeture des espaces depuis la première ligne reste un autre défi à relever, les couvertures à temps, les coulissements automatiques, la gestion efficace des temps forts et des temps faibles par la maîtrise du rythme de jeu, tout comme tous les défauts relevés dans notre introduction, particulièrement le réalisme devant les buts, pour éviter de planter une banderille après mille occasions en or.
Le chantier de Dare est vaste, ne nous laissons pas bluffer par la 2e place acquise avec 2 points à l’issue des deux premières journées de ces éliminatoires.
Un travail de fond doit continuer avec une grande intelligence bien reposée sur des piliers de l’humilité et de l’ouverture.
Le point dans le groupe du Togo
Voici le récapitulatif des résultats des deux premières journées, le classement et le reste du calendrier du groupe E.
Groupe E : Algérie, Guinée équatoriale, Liberia, Togo.
Journée 1 (04-07 septembre 2024) : Algérie-Guinée Équatoriale 2-0 ; Togo-Liberia 1-1
Journée 2 (08-10 septembre 2024) : Guinée Équatoriale-Togo 2-2 ; Liberia-Algérie 0-3
Journée 3 (09-12 octobre 2024) : Algérie-Togo ; Guinée Équatoriale-Liberia
Journée 4 (13-15 octobre 2024) : Liberia-Guinée Équatoriale ; Togo-Algérie
Journée 5 (13-16 novembre 2024) : Liberia-Togo ; Guinée Équatoriale-Algérie
Journée 6 (17-19 novembre 2024) : Algérie-Liberia ; Togo-Guinée Équatoriale
Classement : 1. Algérie (6 points, +5) 2. Togo (2 points, 0), 3. Guinée équatoriale (1 point, -2) 4. Liberia (1 point, -3)
Le format des éliminatoires est inédit avec six journées regroupées sur deux mois et demi. Au soir du 19 novembre 2024, on connaîtra donc les 23 pays qui seront les hôtes du Maroc et qui viseront la succession de la Côte d’Ivoire, championne d’Afrique en titre.
Yves Galley