Depuis la formation du nouveau gouvernement de transition, des voix s’élèvent pour dénoncer le nombre de citoyens Togolais choisis pour servir le peuple comme ministres. Ils sont au total 35 ministres, et c’est bien ce chiffre qui donne du tournis à certains opposants.
« Il est incompréhensible qu’un pays de 8 millions d’habitants ait un nombre aussi élevé de ministres. Cela ressemble à une distribution de récompenses comme un gâteau pour contenter tout le monde », peste Nathaniel Olympio, leader du Parti des Togolais, sur RFI.
Brigitte Adjamagbo-Johnson, secrétaire générale de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) et députée de la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP), s’est également montrée très critique à l’égard du nouveau gouvernement. « C’est démesuré et injustifiable », fustige-t-elle. Une polémique du genre fait rage bien souvent dans plusieurs pays africains où « pléthorique », « obèse », « ubuesque » meublent le champ lexical emprunté pour dénoncer la surcharge pondérale des gouvernements.
L’on se rappelle qu’en 2017, après son élection le 7 décembre 2016, le président ghanéen Nana Akufo-Addo avait formé un gouvernement de, tenez-vous bien, 110 membres dont 40 ministres (4 d’État), 50 ministres délégués et 20 ministres régionaux ainsi que leurs suppléants.
Tout récemment, après sept mois de gestation douloureuse, l’exécutif congolais sort une équipe gouvernementale bondée de 67 membres, et s’est attiré la foudre des opposants. Ces derniers considéraient ce gouvernement comme un bateau menacé de chavirage avant la levée de l’ancre au port.
À bien y regarder de près, la plupart des pays touchés par cette polémique sont des États en chantier, ayant le plus grand besoin d’une représentativité maximale de toutes leurs composantes pour une parfaite maîtrise des enjeux géopolitiques, notamment l’articulation d’une approche multiscalaire et diachronique, qui repose sur l’étude systématique des acteurs en jeu et de leurs représentations.
Au torrent de critiques qui s’abattait sur son « gouvernement éléphant », le chef de l’État Nana Akufo-Addo a lui-même répondu dans la presse. « Je ne crois pas que mon gouvernement soit particulièrement fourni comparé à ses nombreux défis », a-t-il dit. Selon lui, « il est préférable d’avoir des hommes et des femmes capables de servir les intérêts de la nation et de travailler à la croissance de l’économie. Si je réussis, vous découvrirez bientôt que le brouhaha actuel n’est rien comparé au succès ».
En clair, la pertinence du débat sur le caractère pléthorique d’un gouvernement résiderait plutôt dans la non atteinte des résultats escomptés. Le reste dépend alors des prismes de perception du problème.
Yves Galley