Les résultats du concours national de recrutement d’enseignants fonctionnaires et de personnels administratifs pour le compte du ministère chargé de l’enseignement technique et de l’artisanat ont été rendus publics le 06 novembre 2020 par le ministre en charge de la fonction publique, Gilbert Bawara. Près d’un an après les épreuves écrites, les candidats sont dorénavant situés sur leur sort. Des citoyens engagés sous la bannière du volontariat depuis plus de cinq ans, à qui un privilège est presque garanti, par principe, ont tout simplement été mis sur le quai.
Le volontariat, instrument institutionnel utilisé par l’Etat pour promouvoir des emplois à temps déterminé, est à juste raison considéré comme l’antichambre de la fonction publique. Si la législation ne formalise pas ce principe, il est tacitement reconnu, et c’est d’ailleurs la plus forte motivation des uns en s’imposant le sacrifice du volontariat. Dans certains ministères comme celui de la santé, un bon quota est réservé aux volontaires lors des concours de recrutement, et la fonction publique n’est pas étrangère à cette marge de manoeuvres. Mais les volontaires du ministère de l’enseignement technique et de l’artisanat, ministère pour le compte duquel le concours du 06 décembre 2019 a été organisé, ne bénéficient guère de ce «privilège». Ils sont tout simplement défavorisés, sinon écartés pour des raisons obscures.
“Nous avons été recrutés le 02 avril 2013 comme volontaires au ministère chargé de l’enseignement technique et de l’artisanat. En 2014, sous le ministre Brim Diabacté, un concours pour le compte de notre ministère a été organisé. Aucun volontaire n’a été retenu ici, au moment où des volontaires du ministère de l’Economie et des finances sont retenus. Au dernier concours de décembre 2019, nous étions 26 volontaires candidats de ce ministère. Seuls deux ont réussi et 24 zappés. On ne comprend plus rien. Quel crime a-t-on commis? Pourquoi cette discrimination?”, s’indigne une victime, inconsolable.
A son arrivée, le successeur du ministre Diabacte, Tairou Bagbiegue, a essayé de réconforter les volontaires de son ministère. Des tractations institutionnelles ont été même engagées pour quà titre exceptionnel, ceux dont le contrat de cinq ans a expiré soient gardés pour continuer par servir. Ces derniers, qui ont accepté le sacrifice, ont une fois encore été bernés au dernier concours de recrutement. Et pourtant, pressentant la tournure des événements, ils se sont mobilisés tôt pour attirer l’attention des autorités compétentes sur leur cas.
“Nous avons échangé avec le directeur général de l’Agence nationale de volontariat. Celui-ci a demandé notre liste, il a par la suite formellement saisi les ministres du développement à la base, de la fonction publique et de l’enseignement technique, pour accentuer un plaidoyer à notre faveur. Nous-mêmes, on n’est pas restés les bras croisés, nous avons récemment envoyé un courrier au Premier ministre, Victoire Tomegah-Dogbé pour lui rappeler notre cause, car elle nous a toujours encouragé à tenir le cap pour un lendemain meilleur. “Hélas, hélas!!!”, s’écrie une autre victime.
Le recrutement à la fonction publique requiert une certaine qualification, mais au-delà, une compétence avérée, pour renforcer la qualité du service public. Les volontaires, en plus d’être qualifiés, ont déjà acquis une certaine compétence dans leurs différents domaines du fait de l’expérience acquise sur le terrain. Faciliter leur accès à la fonction publique est loin d’être scandaleux. Ce n’est que justice. Comment justifier qu’à deux concours successifs organisés selon les besoins du ministère de l’enseignement technique, que seuls deux volontaires officiant dans ledit ministère aient été retenus?
Ces échecs, ou ces éliminations apparemment ciblées, interpellent à plus d’un titre et méritent une clarification. Les volontaires victimes ne désespèrent pas pour autant, ils comptent sur l’intervention du PM Dogbé in extremis. “Mme Dogbé a été toujours une avocate qui défend hardiment la cause des volontaires, nous avons la foi que nos cris lui tinteront à l’oreille, et qu’elle fera quelque chose pour nous”, croit dur une des victimes.