Les résultats de la dernière enquête Afrobarometer, rendus publics lors d’une conférence à Lomé, dressent un tableau contrasté des perceptions des Togolais quant à l’influence des puissances étrangères sur leur pays. Si la Chine et les États-Unis sont perçus favorablement, la France, en revanche, fait l’objet d’un jugement majoritairement négatif. Par ailleurs, l’enquête met en lumière des défis persistants en matière de discrimination et de harcèlement envers les femmes et les filles.
La France perçue négativement par une majorité de togolais
Selon les données d’Afrobarometer, 53 % des togolais considèrent que l’influence de la France sur leur pays est « négative ». Cette perception est particulièrement marquée parmi certaines catégories de la population : 73 % des personnes les plus instruites (niveau post-secondaire) ; 62 % des citadins et des plus aisés et 59 % des hommes.
À l’inverse, les groupes moins éduqués, les résidents ruraux et les femmes expriment une opinion moins critique, avec des taux de perception négative variant entre 42 % et 49 %. Ces chiffres reflètent une défiance croissante envers l’ancienne puissance coloniale, souvent associée à des politiques perçues comme néocoloniales ou peu favorables au développement autonome du Togo.
En comparaison, la Chine et les États-Unis bénéficient d’une image bien plus positive : 67 % des togolais jugent l’influence chinoise « positive », et 60 % portent le même regard sur les États-Unis. La Russie, quant à elle, recueille l’approbation de 49 % des répondants, tandis que l’Inde obtient un score mitigé (41 % d’opinions favorables).
Harcèlement et discrimination : une réalité alarmante pour les femmes et les filles
Au-delà des questions géopolitiques, l’enquête Afrobarometer révèle une situation préoccupante en matière de droits des femmes. Les données montrent que 30 % des togolais déclarent que les élèves et étudiantes sont fréquemment victimes de harcèlement sexuel de la part de leurs enseignants ; 22 % observent un harcèlement régulier des femmes dans les espaces publics et 23 % estiment que les femmes sont souvent empêchées d’accéder à un emploi rémunéré.
Malgré ces constats, 66 % des répondants pensent qu’il est « probable » que les plaintes des victimes soient crues, signe d’une certaine confiance dans la société. Toutefois, 69 % des togolais jugent que les institutions, notamment la police et les tribunaux, doivent en faire davantage pour protéger les femmes et les filles.
Afrobarometer : une méthodologie rigoureuse
Réalisée en novembre 2024 par le Center for Research and Opinion Polls (CROP), l’enquête a interrogé 1 200 adultes à travers le Togo, avec une marge d’erreur de ±3 %. Afrobarometer, réseau panafricain indépendant, mène depuis 1999 des sondages dans plus de 40 pays pour évaluer les perceptions citoyennes sur la démocratie, la gouvernance et les enjeux sociaux.
Des défis multiples pour le Togo
Les résultats de l’enquête soulignent deux enjeux majeurs : une méfiance accrue envers la France, contrastant avec l’image positive de la Chine et des États-Unis ; la persistance des violences de genre, appelant à une action renforcée des autorités et de la société civile.
Ces données offrent aux décideurs politiques et aux acteurs internationaux des pistes de réflexion pour ajuster leurs stratégies, tant sur le plan diplomatique que dans la lutte pour l’égalité des sexes.