Pour la 51è fois, dans une liesse populaire, les fils et filles du Zio se sont retrouvés sur leur terre, ceux de la diaspora en communion via l’internet, pour renouer avec leur identité historique et célébrer leurs diversités culturelles dans le même creuset. Le tout sous le regard admiratif de la présidente de l’Assemblée nationale, Yawa Djigbodi Tsègan, représentant le Chef de l’Etat.
Après avoir vidé le riche et alléchant programme dans les cantons, le Comité d’organisation Ayiza 2023 a réussi l’exploit de tenir une grandiose cérémonie apothéose le 12 août 2023 sur la belle pelouse du Stade Dr Kaolo à Tsévié, chef-lieu de la région maritime, localité située à une trentaine de kilomètres au nord de Lomé.
La célébration de Ayiza, instituée depuis 1970, rappelle au peuple éwé de Zio l’histoire commune bâtie autour de l’exode de Notsé qui remonterait à 1720. Selon cette histoire, les fondateurs de la ville de Tsévié émigrant vers le sud, fatigués et dépourvus, décidèrent de semer du haricot. Lorsqu’il fallait reprendre la route, les semeurs protestèrent, exigeant d’attendre la récolte. De là vint le nom actuel de Tsévié formé de « Tsé » (produire) et vié (un peu). Ayiza doit donc son nom au haricot « Ayi », et est célébrée le 2ème samedi du mois d’août de chaque année.
L’édition de cette année est placée sous le thème : « Unis dans la diversité pour un développement harmonieux et participatif de la Préfecture de Zio », a été marquée par la présence de la présidente de l’Assemblée nationale, Yawa Djigbodi Tsègan, avec à ses côtés des membres du gouvernement, notamment le ministre chargé du Commerce, Kodjo Adedze, et son homologue de la Culture et du tourisme, Dr Gbenyo Kossi Lamadokou.
« Nous sommes particulièrement heureux du thème de cette édition « Unis dans la diversité pour le développement harmonieux et participatif de la préfecture de Zio » qui nous montre à suffisance que vous avez bien compris que les expressions culturelles, loin de nous éloigner les uns des autres, doivent demeurer des richesses incontestables, soubassement de la dynamique de développement endogène du Zio et partant, de l’ensemble de la région maritime. Ce thème est une invite à une union sacrée autour des idéaux de paix et de concorde du chef de l’Etat, dans un contexte sécuritaire sensible marqué par le terrorisme et l’extrémisme violent qui menacent la paix et fragilisent le vivre ensemble », a indiqué dans son allocution Dr Kossi Gbényo Lamadokou, ministre de la culture et du tourisme.
Pour le préfet de Zio, Etse Kodjo Kadevi, « la diversité culturelle, économique, sociale, politique et autres, ne doit pas être une source de clivage mais, plutôt, et surtout une source de convergence de nos capacités et acquis, individuels et collectifs, pour en faire une entité forte, unie et prospère ».
Parade des diversités culturelles, prestations de chorales et de groupes folkloriques, remise de prix aux champions des tournois « Vététré » et « Tomédi », et une moto à la miss Ayiza, la visite des stands d’exposition des produits agricoles et transformés…, tout un programme richement concocté pour rendre cette édition 2023 exceptionnelle.
La dégustation du mets historique du terroir,le haricot, a apporté une touche de saveur culinaire qui replace cette célébration dans son contexte historique et authentique. Un intermède vibrant a magnétisé l’attention du public, la prestation de Oracle, une fille du Zio, se prêtant à la déclamation d’un slam, qui a eu le don de subjuguer même les autorités, au premier rang la présidente de l’Assemblée nationale.
Les rideaux d’Ayiza 2023 se sont fermés sur une note sportive le dimanche 13 août, dans un Stade Dr Kaolo plein à craquer, la sélection de Gblainvie soumet celle de Gape-Kpodji aux séances de tirs au but (5-4) au bout d’une alléchante et palpitante confrontation soldée par deux buts partout dans le temps réglementaire.
Ayiza, marque indéniable de retour aux sources, est devenue ces dernières années la plus grande rencontre des fils et filles du Zio; elle représente une occasion de ressourcement pour magnifier les œuvres des ancêtres, célébrer les victoires et succès du Zio et redessiner les perspectives de développement de la préfecture.
HISTORIQUE DE AYIZA ET LA FONDATION DE LA VILLE DE TSEVIE
De Notse à Tsevie, une rude traversée empreinte de patiences et d’espoir
Ayiza a 51 ans aujourd’hui. A cet effet, nous rendons grâce à Dieu. Née de la volonté de certains fils authentiques de la circonscription de Tsevie d’alors résidant au Ghana,au Benin, au Nigeria, en Côte d’Ivoire, regroupés autour de leurs frères et sœurs à Lome et à Tsevie et dans ses hameaux, Ayiza (la fête du haricot) sera désormais une fête historique dont la première édition a eu lieu le 1er Avril 1970 à Népibome à Tsevie.
L’objectif originel de cette initiative est de développer la Préfecture de Zio, de conserver la mémoire de nos ancêtres, de valoriser leurs richesses culturelles et de favoriser leur visibilité sur le plan local, national et international pour que l’histoire du peuple Ewe de Zio reste à jamais vivante dans les cœurs. Issus du peuple Ewe d’AGBOGBO, AMEDZOFE, ou encore HOGBEFE, les ressortissants de la Préfecture de Zio sont restés attachés à la préservation de leurs acquis identitaires.
En effet, l’exode de nos ancêtres a commencé à Babel, passant par l’Abyssinie,l’Egypte, le Soudan, le Nigeria, le Dahomey jusqu’au Togo plus précisément Tado et Notse. Entre le 15ème et le 17ème siècle, nos ancêtres ont quitté Notse
fuyant la cruauté du Roi AGOKOLl après la chute du mur d’Agbogbo. Parmi la grande masse de fuyards Ewe de Notse qui avaient pris la direction du sud sous la conduite de Ewenya, Sri et Dzitri respectivement fondateurs de Keta, Anlo et Lome, se trouvait le groupe qui a été à l’origine de la fondation de Tsevie, la ville historique.
Comment fut fondée la ville de Tsevie, le chef-lieu de la préfecture ?
Les fondateurs de Tsevie, notre ville, au départ, n’avaient pas l’intention de s’y établir définitivement, car le lieu n’est pas bien situé. Il n’était pas au bord d’un cours d’eau ou d’un étang, condition sine qua non de création de cité des peuples Ewe. Les provisions de voyage de nos ancêtres en fuite étant épuisées, ils ont fait escale et ont semé du haricot dans le but de continuer le trajet après la récolte.
A l’appel des autres du groupe de poursuivre le trajet, les semeurs du haricot protestèrent en disant : « Nous ne sommes pas prêts à partir, nous attendons que le haricot donne un peu de son fruit (qui veut dire en ewe AYIA NE TSE VIE) » d’où le nom actuel de la ville de Tsevie qui est la contraction de AYIA NE TSE VIE, lieu qu’ils n’ont plus quitté.
Tsevie, la cité historique, donna son nom au cercle, à la circonscription puis devient chef-lieu de la préfecture de Zio (Préfecture qui tire son nom du fleuve Zio qui la traverse du Nord-Ouest au Sud-Est pour se jeter dans le lac Togo).
La préfecture de Zio compte aujourd’hui 16 cantons à savoir : Abobo, Agbelouve, Bolou, Dalave, Davie, Djagble, Game, Gbatope, Gblainvie, Gape-centre, Gape-kpodji, Kpome, Kovie, Mission-Tove, Tsevie et Wli.
Issus des peuples Ewe de Notse, les Ewe de Zio sont essentiellement de grands agriculteurs. Ils cultivent le maïs, le manioc, l’igname,le riz, et aussi le haricot devenu aujourd’hui leur symbole.
Source : le Comité d’organisation de la 51e édition d’Ayiza