Sheyi Adebayor, une légende dans les marécages de l’infamie

Que NON! Un jour, il faut qu’un jour, sa légitimité et son droit à la parole soient mieux exploités, pour impulser une dynamique positive au football togolais, si tant est son leitmotiv. Des récriminations perpétuelles nourries par une tendance pyromane inextinguible, Shéyi Adebayor fume avec passion le calumet de la division de l’opinion publique, sur fond de commérages pestilentiels.

Râler, pleurnicher, ronchonner, tirer à boulets rouges et défier l’État à travers les dépositaires de l’autorité publique, l’ancien ballon d’or africain s’assure une retraite sportive très agitée, régulièrement marquée de sorties intempestives et néfastes totalement indignes d’un footballeur au passé glorieux incontestable.

Cette petite introduction colle déjà à l’esprit de tout lecteur féru de l’actualité foot les séquences de la dernière sortie sur les réseaux sociaux de Shéyi Adebayor, toute une série tournée en épisodes, dans une de ses luxueuses résidences transformée pour la circonstance en un théâtre de l’infamie et du déshonneur. C’est bien là, que le 14 septembre 2023, perché sur son escabeau d’orgueil et de condescendance, il use sans limites de sa liberté d’expression, vidant insensément son carquois rempli de flèches venimeuses dont il pique tour à tour la ministre des Sports et des loisirs, le président de la Fédération togolaise de football (FTF) et Serge Akakpo, qu’il a fini par ériger en ennemi juré. Ce tournage grotesque était destiné à raconter au monde entier le palpitant match Lidi Bessi-Kama – Shéyi Adebayor dans la tribune officielle, parallèlement au match réel du rectangle vert de Kegue où les Eperviers, tournés en bourrique par les Requins Bleus du Cap-Vert, exsudaient pour arracher une victoire à domicile après quatre ans de disette.

J’ai eu un problème, un problème particulier, un problème compliqué à gérer, un problème avec le ministre. En fait, ça m’a soulé… Si le ministre dit qu’on n’a pas le droit de passer derrière elle au Stade, franchement il y a un problème au Togo…“, dégaine Shéyi. Avant d’exposer toute la mesure de son orgueil : ” Si moi Shéyi Adebayor je ne pourrais pas passer derrière elle, qui pourrait passer derrière elle?“.

Tout le monde peut le constater, le “moi” reste le vice légendaire de la légende présumée, Shéyi Adebayor, qui croit à tort que ses 19 ans passés en sélection nationale et ses prestations rendues brillantes par un collectif huilé par de valeureux joueurs, lui consacrent un statut de “dieu” devant qui tout acteur doit se prosterner.

D’abord, soulignons-le, la tribune officielle (micro-espace) est régie par un code de comportements non applicable aux autres compartiments (macro – espaces) réservés à l’accueil du public, du fait des rangs des personnes y admises. Quiconque entre sur le territoire de la tribune officielle est soumis aux orientations d’un protocole d’organisation et de gestion des matchs. Ce n’est donc pas un espace où tout accédant peut tout se permettre, crier, manifester son supportérisme, circuler… comme bon lui semble. Cela dit, pourquoi Shéyi Adebayor, arrivé d’ailleurs en retard, peut se donner le droit de violer les dispositions du protocole qui gère cet espace, le garde-corps du ministre faisant partie du protocole de sécurité intégré au protocole général. Les images de la scène montrent clairement la position de la chaise du ministre derrière laquelle l’espace disponible (moins d’un mètre) est occupé par son garde-corps.

Ensuite, la ministre représente, en ces lieux, le chef de l’État, et son installation à cet endroit précis se justifie par des raisons de sécurité. A supposer que c’est le chef de l’État qui était assis à la place du ministre, Shéyi Adebayor, même ivre de son glorieux passé dont il rabâche à n’en point finir les oreilles du peuple, pouvait-il se permettre d’approcher, de cinq mètres au minimum, cette chaise, et forcer la main au garde-corps pour passer derrière?

Le mépris de la représentante du chef de l’État est tout simplement une défiance déguisée de l’autorité suprême, à qui Shéyi tenterait subtilement de reprocher la nomination du Dr Lidi Bessi Kama au ministère des Sports. Les propos suivants, aussi orduriers, légitiment une telle interprétation des faits.

Images de la scène qui a suscité l’ire injustifiable de Shéyi

Mme le ministre, elle est là, il n’y a pas de résultat, mais elle vient au stade avec des garde-corps, on ne peut pas passer derrière elle, on ne peut pas la saluer… Si elle est là, c’est parce que nous avons tenu le football pendant vingt ans… Madame le ministre, je vous le dis droit dans les yeux, bientôt vous ne serez plus là. Si vous voulez que votre nom rentre dans l’histoire de ce pays, il va falloir faire mieux que moi. Il va falloir mener le Togo en finale de la Coupe d’Afrique des nations. Tant qu’il n’y a pas cela, vous n’avez rien fait mieux que moi…“, s’infantilise Shéyi Adebayor.

Comment une personne qui aspire jouer un rôle prépondérant dans le développement du football national peut-il débiter, tel un cacatoès, de telles énormités? La vie au Togo n’est pas animée que du football. Shéyi ne peut pas créer un cadre de comparaison avec la ministre des Sports, encore moins avec le président de la FTF. Car, s’il a joué sa partition dans le football, Lidi Bessi Kama, docteur en médecine et commandant d’armée, Guy Akpovy, colonel d’armée, ancien directeur général de la Gendarmerie Nationale, et d’autres valeureux togolais jouent la leur dans bien d’autres domaines pour le rayonnement du Togo dans le concert des nations.

Moi je faisais le malin au pays parce que j’amenais du résultat. Parce que je suis Shéyi, je savais que j’allais gagner le match pour le pays“. Cet égo propulse ce longiligne bonhomme trop loin, et le hisse sur un piédestal plus haut que la République. “Pour qui se prend-il en fin de compte dans ce pays?”, s’indigne un internaute. Un jour, il faut s’attendre que Shéyi affirme avoir mille fois mieux fait que Faure Gnassingbé pour le football togolais.

Patriotisme en bandoulière, des togolais ont également réalisé des exploits, consenti des sacrifices, même le sacrifice suprême, et atteint, pour la défense de l’honneur de la patrie, des sommets que Shéyi ne peut jamais tutoyer de sa vie malgré son passé footeux et ses milliards glanés qui le hantent souvent et lui troublent l’esprit. Aussi doit-on le rappeler, Shéyi, englué dans son nombrilisme, ne peut ramener tous les succès du Togo à sa seule personne. Que dirait Kader Kougbadja, la vraie légende, que dirait Agassa Kossi qui construisait à lui seul, sur une bonne période, 60% des victoires des Eperviers. Que diraient Nibombe Wake, Nibombe Dare, Salou Bachirou, Adekanmi Olufade, Abalo Dosseh… On évitera de parler des illustres disparus, notamment du Dr Kaolo, le plus grand de tous les temps.

Un regard sur le tableau des statistiques des Eperviers, Adebayor Sheyi en équipe nationale, c’est 66 sélections pour 29 buts marqués. Kader Kougbadja, c’est 87 sélections et 56 buts marqués, presque le double de Shéyi; il reste également le premier et l’unique buteur du Togo à la Coupe du monde (Togo-Corée du Sud 1-2). Shéyi peut beau se prévaloir d’un ballon d’or et d’une carrière en clubs plus imposante, en sélection nationale, il n’est pas plus haut que Kader Kougbadja; il devrait arrêter d’utiliser sa stature de légende autoproclamée du foot togolais pour calomnier, discréditer et menacer ministres, présidents de fédération, ex-coéquipiers tout en tentant de réduire à néant tous ceux qui ne se plient pas à ses lubies.

Kader Kougbadja!!! Ce grand monsieur, cette icône historique, aussi respectable que respecté, tu ne l’entends jamais moucher, les rares fois que sa voix se distille dans les médias, c’est pour faire, le plus souvent sur Radio Sport FM, des analyses constructives sur un ton très posé empreint d’une grande humilité. La FTF a coutume d’inviter des anciens Eperviers de renom dans la tribune officielle lors des matchs internationaux, la moindre anicroche n’a jamais été signalée, de surcroît portée tambour battant sur les réseaux sociaux. Seules les jérémiades de Shéyi règnent sur la scène publique et infectent l’opinion.

Ailleurs, nous suivons de près comment se comportent les anciennes gloires et quelles relations elles entretiennent avec leurs fédérations. “L’ancien international et capitaine des éléphants de la Côte d’Ivoire, champion d’Afrique et 4 fois Ballon d’or africain a donné le coup d’envoi du match amical Côte d’Ivoire vs Mali du 12 Septembre passé. Nommé ambassadeur de la FIF le 30 juin 2023 lors de la dernière assemblée générale ordinaire de la FIF. A cette cérémonie empreinte d’émotion et de souvenirs, l’ancien capitaine des Éléphants, vainqueur de la CAN 2015 a reçu ses insignes“. Cet extrait d’un article de presse est si édifiant, et nous éclaire sur la respectabilité qu’imposent de plus grands noms que Shéyi à travers leurs comportements responsables et leurs attitudes positives. Pendant que bien de joueurs de sa génération se donnent les moyens de rendre utile leur retraite sportive (l’exemple d’Eto’o) au profit de la sélection, de la fédération et du football à la base, mais également dans le social, Shéyi excelle dans les vilenies, dans les live sur les réseaux sociaux pour jeter ses coéquipiers, le ministre des sports et le président de la fédération à la vindicte populaire.

Le président de la FTF, à qui il reprocherait de ne pas lui accorder certains privilèges et faveurs, est devenu sa tête de turc sur qui il rejette tous les succès manqués des Éperviers. S’il considère que Guy Akpovy n’a jamais fait une CAN, il ignore avoir créé un piètre duo avec Claude le Roy qui a brillé par la plus grande collection d’échecs à la tête des Éperviers, dont la campagne désastreuse de la qualification à la CAN Egypte 2019 reste le symbole. Lui-même Shéyi, avec qui le Togo n’aura jamais concédé une défaite en 20 ans, a activement participé à ces éliminatoires, mais les Éperviers ont manqué cette CAN, mis à la touche par le Bénin.

C’est le respectable en soi qui explique le respecté respectable. Si le passé de Shéyi le rend respectable, son présent le rend répudiable et bannissable, et fait carrément de lui une véritable gangrène à l’harmonie et à la stabilité du football national. Gadji Céli et Yaya Touré n’ont jamais revendiqué sur aucun support de communication quelconque titre ou exercé la moindre pression sur le président de la fédération Idriss Diallo pour être désignés ambassadeurs du foot ivoirien. Leur nomination n’a jamais été le fruit du manque de respect aux autorités du pays parce qu’ils sont des légendes, au contraire, elle est la consécration de leur exemplarité, parce qu’ils incarnent des valeurs partagées par la FIF, la CAF et la FIFA.

Le statut de légende présumée de Shéyi ou de tout autre joueur important des Éperviers n’oblige en rien la FTF à leur attribuer de droit une responsabilité. Cette conception des choses est complètement erronée, car une telle décision, que les fanatiques de Shéyi jugent automatique, se fonde dans la réalité, sur des besoins spécifiques, sur des mérites avérés et implique moult pesanteurs. La FTF n’aura-t-elle déjà confié des responsabilités à des anciens Éperviers? Il ne s’agit pas de faire dans la promotion de l’impolitesse et des contre-valeurs, surtout dans un milieu qui a besoin de repères et de modèles.

Serge Akakpo, on ne peut pas s’asseoir et parler football, ce que j’ai vécu dans le domaine footballistique et ce que lui il a vécu, c’est complètement différent. Donc on ne peut jamais en aucun cas nous comparer“, décoche pompeusement Shéyi. Si notre Adebayor national, s’accrochant à sa carrière et à son palmarès – quel palmarès même? – considère que Serge Akakpo n’arrive pas à sa cheville, il ne passe pas pour plus méritant pour occuper le poste de manager général de la sélection, ou de tout autre poste, au détriment de n’importe quel autre joueur. L’équipe nationale n’est pas la propriété de Shéyi Adebayor.

Adebayor et Kolo Toure se battent à l’entrainement le 4 janvier 2011 à Man City

Nous connaissons Shéyi bagarreur et bad boy, on se rappelle sa bagarre avec Kolo Toure le 04 janvier 2011 à Manchester City à l’entrainement, mais aujourd’hui, la seule bagarre qui vaut la peine, c’est celle qui peut tracer les sillons du développement de notre football. L’heure n’est pas aux bagarres sur les réseaux sociaux pour dénigrer coéquipiers et dirigeants du sport, aux bagarres pour rappeler qu’on est le plus grand et imposer le déroulement du tapis rouge à chaque apparition publique.

Lors de la campagne de l’élection présidentielle 2015, dans une vidéo mise en ligne le 21 avril, Shéyi Adebayor, alors évoluant à Tottenham (Première division anglaise), affirmait faire “confiance au président Faure Gnassingbé pour unir le Togo et bâtir une grande nation“. Quelques années plus tard, c’est le même Shéyi qui vient saper les immenses efforts engagés par Faure Gnassingbé pour bâtir l’unité du Togo dans tous les domaines, notamment dans le sport.

La légende est une construction du passé et du présent, Shéyi devrait fermer un peu le clapet et promouvoir sa réputation à travers le caractère responsable de ses actes et de ses discours publics. “Être une légende c’est bien, mais être une légende responsable, c’est encore mieux“, commente un internaute.

Yves GALLEY

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