Réflexion sur l’instauration d’un régime parlementaire au Togo

Ce texte est une tribune signée de Me Sowou Yawo Amégnon, Avocat au Barreau du Togo. L’auteur rappelle les résultats de la pratique du régime parlementaire au Togo du temps de Sylvanus Olympio, président, et Nicholas Grunitzky, Premier ministre (Président du Conseil). “Le risque d’instabilité politique dans un régime parlementaire est plus élevé, beaucoup plus élevé que dans un régime présidentiel ou semi présidentiel“, martèle-t-il, avant de prendre une position ferme sur cette épineuse question qui cristallise les débats et exacerbe les passions politiques. Lire l’intégralité de la Tribune.

 

Réflexion sur l’instauration d’un régime parlementaire au Togo

Il semble que les députés du Togo sont envoyés dans les différentes régions du pays pour y consulter la population sur le bien-fondé ou non du projet de changement du régime semi présidentiel en un régime parlementaire.

Une telle tournée des députés fait grand écho à une consultation similaire initiée en son temps par l’ancien président feu Eyadema GNASSINGBE sur l’instauration du pluralisme politique dans les années 1990.

Selon le rapport de la commission d’alors, la population togolaise avait rejeté dans sa grande majorité l’idée d’un retour au multipartisme. Mais, personne n’a encore oublié la suite : une violence inutile, des destructions des biens, des blessés et des morts. Après tous ces évènements, on trouva alors nécessaire d’instaurer le multipartisme.

Pourquoi alors ne pas apprendre de l’histoire ?

Aujourd’hui, malgré les difficultés du pays, un moyen important est mis à la disposition des députés pour leur mission. Alors même que toute personne bien avisée connait déjà le résultat de cette consultation : ‘’le peuple souverain’’ va se prononcer en faveur du régime parlementaire envisagé. Notre peuple est malheureux. Il subit une manipulation grossière.

Beaucoup se rappelleront encore tout ce que disait feu Eyadema GNASSINGBE sur l’instabilité liée au régime parlementaire, telle que le Togo l’avait vécue dans les premières années de son indépendance.

Le Président feu Eyadema GNASSINGBE n’avait jamais perdu la moindre occasion pour raconter les mésententes chroniques et persistantes qui existaient entre les deux têtes bicéphales de l’Exécutif à savoir, le Président Sylvanus OLYMPIO et le Chef du gouvernement Nicolas GRUNITSKY.

Le Président feu Eyadema GNASSINGBE disait comment en sa qualité de Chef d’Etat-major des FAT, il s’évertuait en vain à concilier les positions des deux personnalités de l’Exécutif. C’est vrai que le risque d’instabilité politique dans un régime parlementaire est plus élevé, beaucoup plus élevé que dans un régime présidentiel ou semi présidentiel. Tous les constitutionnalistes de bonne foi le disent ; l’histoire des peuples le confirme. Particulièrement, dans le contexte africain et plus singulièrement au Togo, nous avons un héritage culturel commun, qui exclut des débats d’idées au sein de nos familles, dans les lieux de travail et même dans la vie courante.

Personne ne veut être contrarié. La décision du chef ne doit pas être contestée. Toute personne exprimant un avis contraire est considérée d’office comme l’ennemi.

Dans ce cas précis du régime parlementaire annoncé, il suffira seulement que le Président du Conseil des ministres refuse de contresigner le décret du Président de la République, pour qu’une crise de confiance s’installe entre les deux plus hautes personnalités de l’Etat. Car, jusqu’à ce jour, le Togo est un pays hautement polarisé, caractérisé par une intolérance politique, le mépris de l’autre, l’arrogance politique et l’ivresse exacerbée du pouvoir.

C’est pourquoi, nous n’avons pas intérêt à faire rentrer ce pays dans un régime parlementaire qui ne manque pas d’épreuves, même avec une plus grande élégance de ses acteurs.

Lomé, le 08 Avril 2024

SOWOU YawoAmégnon

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