Des réflexions pour la mise en place d’un système perfectionné de commande et d’importation des produits pétroliers ont abouti à une réforme stratégique qui, dans son opérationnalisation, fait des insomniaques. Des mafieux, fauchés et lésés par la perte de leurs intérêts, trémoussent d’acrimonie, yeux exorbités et rougis, versent dans la calomnie pour régler leurs comptes au ministre Kodjo Adedze. L’initiative de la réforme suscite un tel branle-bas des plus irrationnels, actionné par une certaine presse partisane de la mauvaise gouvernance et promotrice des crimes économiques.
Depuis 2020, l’actualité sur la gestion du secteur pétrolier cohabite nuit et jour avec celle du covid-19. Les « Adjakly » ont réussi à mettre en place un système qui impose leur emprise totale sur la commande et l’importation des produits pétroliers des décennies durant, un système dont les piliers reposent sur les grandes épaules de mastodontes du pouvoir, jamais soupçonnés. Le ministre actuel en charge du commerce, Kodjo Adedze, ceint de son épée de justicier, et dopé d’un courage indien, plonge ses pieds dans la grande fourmilière en vue de rétablir l’ordre et sécuriser le champ des intérêts de la République. Une témérité hors pair qui a pour conséquence immédiate l’explosion d’une nébuleuse mafieuse. Cela lui vaut des coups violents d’une offensive médiatique sur fond de dénigrement et de calomnie. Pour se faire une juste opinion et mieux comprendre l’utilité de la « réforme Adedze » pour l’Etat et les consommateurs, faisons la lumière sur le fonctionnement du secteur pétrolier avant et sous la coupole Adedze.
Hier, le règne des Adjakly
La commande des produits pétroliers était, jusqu’en 2008, assurée à tour de rôle par les marketers (propriétaires des stations d’essence). Le Comité de suivi des fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP) sera chargé en 2010 d’une mission de régulation et de mise en œuvre du mécanisme d’ajustement automatique des prix à la pompe des produits pétroliers. De graves dysfonctionnements vont survenir, provoquant des ruptures sur la chaîne de distribution avec une accumulation des dettes de l’Etat envers les pétroliers. L’Etat apure les dettes et prend ses responsabilités en confiant au CSFPPP la commande des produits pétroliers.
Francis Sossah Adjakly, alors coordonnateur du secrétariat de la commission technique du CSFPPP, avait la responsabilité, avec son équipe technique, dans le cadre de la commande des produits pétroliers, les dossiers de consultations restreintes qu’il soumet à validation au ministre du commerce. Il se chargeait également du suivi et de la mise en œuvre du contrat d’approvisionnement des produits pétroliers, et s’assure que les sommes dues aux traders par les marketers sont payées. Afin de garantir les intérêts des traders en sécurisant leur paiement, une société privée d’intermédiation est créée. Il s‘agit de Management Hydrocarbure, qui deviendra plus tard Togo Phénix Corporation (TPC).
Les fonds issus des ventes aux marketers sont payés désormais à cette société qui les vire aux traders. Avec cette organisation, les Adjakly concentraient beaucoup de pouvoirs et avaient le contrôle de tout l’appareil de commande et d’importation des produits pétroliers. Francis Adjakly, le père, élabore les dossiers d’appel d’offre, son fils Fabrice est directeur financier du CSFPPP, chargé des relations avec les traders, également patron de la société privée d’intermédiation qui représente les traders et défend leurs intérêts.
Conséquence de ce maillage complet de tous les rouages, la société Vitol, alliée des Adjakly, des années durant, a régulièrement remporté les appels d’offres. Les Adjakly sont donc autorité contractante, et en même temps représentants des traders. Chose curieuse, les autres sociétés concurrentes ne se sont jamais plaintes de la longévité du monopole de Vitol qui remportait tous les appels d’offres, ce qui fait suspecter le montage d’une concurrence artificielle aux fins de faire prospérer un système qui génère de gros intérêts. Des anomalies inadmissibles dans les marchés publics et qui réunissent les éléments constitutifs du délit d’initié.
Sous la coupole d’Adedze
Les choses changent pour éradiquer les sulfureuses pratiques royalement ancrées depuis des lustres. Une réforme stratégique pose les bases d’une réorganisation du secteur pétrolier dans le but de normaliser le fonctionnement du CSFPP en adéquation avec les paradigmes nouveaux de bonne gouvernance. Adedze va choisir une simple formule pour résoudre l’équation qui paraît complexe : tracer un boulevard entre l’autorité contractante qu’est le CSFPPP et la société d’intermédiation. En vue de préserver la transparence et l’équité dans tout le processus de commande et d’approvisionnement, le CSFPPP et la société d’intermédiation ont chacun, dorénavant, une mission particulière bien définie, avec une séparation claire des structures et des personnes.
Dans l’opérationnalisation de cette réforme, des décisions fortes ont été prises. Par l’arrêté N°019/MCIDSPPCL/CAB, le ministre Adedze nomme Kondo Comlan Ononh-Nofoumi coordonnateur du CSFPPP en remplacement de ‘’l’intouchable’’ Francis Sossah Adjakly, après un si long règne d’une vingtaine d’années. Et pour tourner la page sombre des Adjakly, l’Etat décide de se passer des services de la société d’intermédiation Phénix Corporation des Adjakly. En toute souveraineté, l’Etat met en place une nouvelle structure : Togo Negoce Petrole (TNP). Les actionnaires de TNP sont Togo invest corporation S.A, représentée par son DG Ekue Mivedor, et la Société togolaise d’intermédiation pétrolière (STIP Sarl) représentée par Adanbounou Akoete. Toutes ces sociétés ont été créées conformément aux dispositions de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA).
L’Etat en tant qu’entité garantissant le paiement des traders, s’est logiquement invité dans la constitution de TNP où il détient 49% des actions (via Togo invest corporation S.A.) et 51% cédés au privé (STIP). Avec cette restructuration, il n’existe plus aucune interaction entre le CSFPPP et la société d’intermédiation, et les éléments probablement constitutifs de délit d’initié sont éliminés. Contrairement aux anciennes pratiques où les Adjakly sont autorité contractante et en même temps gérants de la société d’intermédiation, TNP n’intervient nulle part dans tout le processus qui aboutit à l’importation et au stockage des produits pétroliers. Cette nouvelle société n’intervient que dans la sécurisation des relâches et le paiement des traders, et sert de tampon entre l’Etat, les marketers et les traders.
TNP vise l’efficacité
TNP, pour accomplir avec efficacité et grande responsabilité la mission qui est sienne, s’est doté d’un Conseil d’administration dirigé par un haut dignitaire du régime, la cogérance est assurée par Ekue Mivedor, directeur général, pour le compte de l’Etat, et Adanbounou Akoete, directeur général adjoint, pour le privé. Aziadekey Elom Kwami, dont la qualité de membre démange tant, est juste un actionnaire de STIP, associé pour son expertise en matière de marchés publics et d’analyse des paramètres financiers et fiscaux. Directeur administratif financier de l’ARMP de son état, celui-ci est reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes au plan national en management des marchés publics; il tient sa place là pour ses compétences incontestables et non pour un supposé lien de parenté familiale avec le ministre Adedze, comme tentent, avec force et ignorance, de le faire croire les vuvuzelas des Adjakly, avocats grincheux d’un système qui a fait naufrage, dans le but manifeste de manipuler les consciences. Dans un contexte où la médiocrité est fortement combattue, des attardés se donnent encore le luxe de scruter l’origine, l’ethnie, la région de provenance, le village natal, de dresser l’arbre généalogique d’honnêtes citoyens promus pour leurs compétences professionnelles, versant bêtement dans des extrapolations qui mettent en danger la cohésion sociale et le vivre ensemble.
Les autorités et l’opinion doivent prendre conscience des dangers que l’émergence de ces dérives fait courir à la République. La réforme Adedze, en toute objectivité, reste ce qui devrait se faire au mieux pour rétablir l’ordre dans le désordre savamment orchestré et jalousement entretenu par les Adjakly et clique des décennies durant.
Le noeud du problème
Cette réforme marque une rupture violente, inespérée et inattendue, et aurait réveillé le volcan de ceux à qui profitait l’ancien système, bâti dans un laxisme insoupçonnable et inqualifiable. C’est bien pourquoi la rude offensive n’a pas tardé, le ministre Adedze, apôtre de l’assainissement du secteur, devient l’homme à abattre à tout prix. Il est diffamé, dénigré, son honneur et sa réputation attaquées par des calomnies. L’intégrité de l’homme, sa probité morale et sa compétence n’ont jamais couché une ligne de critique dans la presse nationale partout où il est passé, que ce soit à l’Autorité de réglementation des marchés publics, à la Direction générale des douanes ou au Commissariat général de l’Office togolais des recettes. En remontant l’histoire, quand la commande et l’approvisionnement des produits pétroliers étaient l’affaire des marketers, les insuffisances constatées avaient obligé les traders à exiger la création d’une société privée pour défendre leurs intérêts, d’où la création de Management Hydrocarbure des Adjakly.
A l’époque, ce changement, qui profitait incroyablement aux Adjakly, au détriment des marketers, n’a suscité le moindre bruit, aucun représentant des marketers n’a bronché ou mouché un mot dans la presse. Aujourd’hui, sur la base d’une réforme engagée, non cette fois-ci par les traders mais l’Etat, la société d’intermédiation des Adjakly perd la main, au profit d’une société détenue par l’Etat et le privé. Il n’en fallait pas plus, des morveux se mouchent violemment et éhontément, suscitant des questions légitimes.
Qui est donc gêné par la réforme Adedze, qui et qui sont autant indisposés par la restructuration de l’appareil de commande et d’approvisionnement en produits pétroliers? Que cachent les agitations des uns et l’acharnement déraisonnable sur Adedze ? Qui a perdu quoi et ne veut pas se laisser faire ? Autant de questions qui taraudent les esprits éclairés.
D’aucuns fustigent la réforme en cours, préjugeant qu’elle serait orientée contre les Adjakly. Et pourtant, père et fils Adjakly sont toujours maintenus dans le système, alors que le ministre Adedze avait plein pouvoir pour les éjecter. Le fils a gardé son poste de directeur administratif financier du CSFPPP, le papa est actuellement conseiller technique du ce même ministre. Preuve suplémentaire que la réforme initiée vise la bonne gouvernance, le perfectionnement d’un système, et non des individus. Aussi, Adjakly père, d’après une source, aurait fait mains et pieds pour que son fils Fabrice soit démis de ses responsabilités au CSFPPP, -il existe une brouille terrible entre les deux aujourd’hui – c’est le même ministre Adedze qui aurait rejeté cette doléance, maintenant Fabrice Adjakly à son poste.
Absurdité
A peine la société TNP est-elle créée que tous les documents fondant son existence légale se retrouvent dehors. Le 25 mars 2021, Kodjo Adedze adresse un courrier au DG Afrique de Vitol. “J’ai l’honneur de vous informer que, suite à la réforme du secteur de l’approvisionnement du Togo en produits pétroliers, la Société Togo Négoce Pétrole (TNP) est désormais chargée de sécuriser les relâches et paiements des produits pétroliers livrés par les “Traders” dans le cadre des appels d’offres.” Le lendemain, le courrier en fac similé tombe dans la presse. Certains détracteurs se demandent, naïvement, quand est-ce que la réforme a commencé et le conseil des ministres n’en a pas fait mention, ni l’assemblée nationale informée. Questionnement puéril et choquant -surtout quand il est soulevé par des hommes de médias -, qui sous-tend que tous les changements initiés pour un meilleur fonctionnement interne des institutions dans ce pays doivent passer par le conseil des ministres ou l’assemblée nationale. Absurdité ! Fermons cette parenthèse. Pour dire que la publication de ce courrier accentue les indices sur la proximité et la complicité des Adjakly et de Vitol. D’après une source, Vitol aurait formulé le vœu que TNP fût gérée par Fabrice Adjakly, dans une optique, assurément, de la perpétuation de l’ancien système aux combines mafieuses. Proposition que l’autorité compétente a rejetée. C’est clair, le ministre Adedze a donc réuni toutes les conditions pour être envoyé à l’échafaud.
Le secteur pétrolier est un secteur vital pour l’économie togolaise. L’Etat est le garant principal du paiement des traders. Ces cinq dernières années, 513 milliards ont été payés aux traders sans le déboursement du moindre denier public. Mais au cas où le système fonctionne mal et cumule des dettes, comme ce fut le cas quand les marketers géraient la commande et l’approvisionnement, c’est l’Etat qui endosse les responsabilités. C’est pourquoi l’Etat peut se réserver le droit, d’une manière absolue, de prendre ses responsabilités pour mettre fin au règne des voyous du secteur pétrolier.
Ce pays est quand même gouverné. Il est un seul instant inimaginable que la réforme pilotée par Adedze prenne forme et se mette en exécution sans l’aval du Premier ministre et indirectement du chef de l’Etat, surtout dans un secteur où couve depuis des mois un scandale tonitruant.S’échiner à jeter l’anathème sur un ministre parce qu’il a initié une réforme structurelle dans son domaine de compétence, c’est indirectement attaquer la gouvernance du chef de l’Etat tout en subtilement dénonçant l’incapacité du chef de gouvernement à contrôler l’action gouvernementale.
Pour l’ancrage de la démocratie et de la bonne gouvernance, les médias ont un rôle important à jouer ; ils ne doivent pas servir de missiles pour dynamiter les politiques de perfectionnement et de renforcement des institutions de la République. L’information servie au public doit être le résultat de constructions concrètes et intelligentes, dans le strict respect de la contradiction, et non de simples données de l’observation ou une vue de l’esprit visant à protéger les intérêts de mafieux au détriment de l’intérêt général.