Supposée production du pétrole au Togo : la DMK s’enlise dans ses errements

La dernière augmentation des prix à la pompe, imposée par la hausse du coût du baril à l’international passe pour une aubaine pour certains acteurs politiques et de la société civile opportunistes, spécialisés dans les récupérations.
Si cette décision afflige l’écrasante majorité des Togolais déjà fauchés par les incidences de la vie chère, elle ne peut servir de fondement pour allumer des polémiques oiseuses qui créent diversion, au moment où les Togolais, unis et solidaires, nourrissent les réflexions pour rendre efficace la lutte contre le terrorisme.

Polémiques oiseuses, disions-nous, en référence au communiqué de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK), daté du 20 juillet 2022. Les manipulés de Kodjo Agbeyomé, dénonçant la nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers, sortent un serpent de mer, un sujet rebattu portant sur l’exploitation du pétrole au Togo.

« En effet, la DMK ne comprend pas pourquoi un gouvernement qui selon la BCEAO exporte du pétrole (678,2 milliards de francs cfa entre 2007 et 2020), ne dispose pas de réserves pour parer aux fluctuations du marché international », lit-on dans le communiqué.

Cette information, forgée par la rumeur populaire, est livrée en vrac, sans source, sans référence aucune. Cette affirmation gratuite, en se fondant sur « selon la BCEAO » vient enliser davantage la DMK dans ses errements et conforte l’incrédibilité qui la caractérise depuis sa création.


Pas de pétrole au Togo pour le moment

Le Togo n’est producteur de pétrole, du moins jusqu’aujourd’hui, que dans les spéculations et élucubrations de ceux qui tentent d’imposer cette hypothèse à des fins inavouées. L’on se rappelle, le rapport annuel 2016 de la Zone franc publié par la Banque de France (en fin 2017) attribuait par erreur au Togo une exportation de plus de 15 millions de barils de pétrole en un an. Ce qui avait eu le don de faire le chou gras de la presse et de nourrir passionnément les débats en début d’année 2018 sur une supposée exploitation clandestine de pétrole.

Mais très vite, Kossi Ténou, directeur national de la BCEAO pour le Togo, le 9 janvier 2018, a tenu une conférence de presse à Lomé pour apporter un démenti et des éclaircissements.

« Le rapport annuel 2016 de la Zone Franc contient, en réalité, une erreur de reporting dans la monographie économique du Togo. En effet, les données attribuées au Togo, relatives à la production de pétrole, sont plutôt les statistiques sur la Côte d’Ivoire. Il en est de même des chiffres sur les principales productions agricoles vivrières et d’exportation, qui sont également ceux portant sur la Côte d’Ivoire. En d’autres termes, ce sont les tableaux sur les principales productions ivoiriennes de pétrole, de cultures vivrières et d’exportation qui ont été, par erreur, reportés dans la partie du rapport portant sur la monographie économique du Togo : en effet, dans le rapport, les tableaux des pages 159 et 160 sur la Côte d’Ivoire sont les mêmes que ceux qui figurent à la page 231 sur le Togo. Il s’agit donc d’une erreur de reporting », explique Kossi Ténou. Avant de préciser, formellement : « Au demeurant, aucune information disponible à la BCEAO ne permet d’attester que le pétrole est produit au Togo. La Banque Centrale dément donc fermement être la source de l’information relative à la production de pétrole par le Togo ».

Ces propos de Kossi Ténou remontent au 9 janvier 2018. Or la DMK soutient que le Togo « selon la BCEAO exporte du pétrole (678,2 milliards de francs cfa entre 2007 et 2020) ». Une telle déclaration met logiquement en cause la véracité des propos de Kossi Ténou et porte gravement atteinte à la crédibilité de la BCEAO. Si en 2018, la BCEAO soutient qu’« aucune information disponible à la BCEAO ne permet d’attester que le pétrole est produit au Togo », d’où l’institution tire-t-elle finalement les chiffres attribués à l’exportation du pétrole par le Togo, et ce, entre 2007 et 2020. La question peut avoir plusieurs déclinaisons, les difficultés pour trouver des réponses justes et cohérentes certifient la fausseté de l’information de la DMK, quitte à rendre publiques la source officielle et au-delà, les preuves matérielles de la production de pétrole au Togo.

Précisons que plus tard, la Banque de France a pris soin de publier un errata sur son site internet.

Revenir sur terre

Depuis la présidentielle perdue de 2020, la DMK et son leader en exil tentent vaille que vaille d’exister sur la scène politique. Si toutes les stratégies conçues pour atteindre les objectifs se révèlent inefficaces et irréalistes, il est plus honorable de revenir sur terre et repartir à zéro. L’heure est à l’union sacrée contre le terrorisme, halte à la diversion, aux tentatives de déstabilisation via les fake news, et aux récupérations politiques tous azimuts.

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