Erick Guitcha Matchame, sapeur-pompier et lieutenant Hors-Class en France, est directeur régional interministériel de la normalisation des systèmes de sécurité incendie et prévention des infrastructures dans la Zone Nord des Pays de Loire. Togolais d’origine, il incarne la compétence et le sérieux et la respectabilité des Togolais à l’étranger. Mais son patriotisme n’a jamais subi une seule ride malgré son statut social en France. Régulièrement il est au pays, investit dans le social et, grand sportif étant, apporte sa contribution au rayonnement du football à travers son projet : Non à la violence dans les stades. La Symphonie s’entretient avec ce franco-togolais qui inspire respect et émulation. Plusieurs sujets au menu, notamment les secrets de sa performance et de sa réussite sur sa terre d’accueil, le projet de professionnalisation du football au Togo, les attaques terroristes, la politique togolaise et la gouvernance de Faure Gnassingbé.
Bonjour ! Un premier retour au pays après les temps forts du covid-19. Quel regard portez-vous sur ce Togo que vous retrouvez ?
Bonjour et ravi de répondre à votre invitation. Pour moi, parler de Covid-19 reste anecdotique. Nous avons eu différentes façons de gestion de cette pandémie au regard des réalités culturelles et de civilisation, avec des conséquences désastreuses pour les uns et pour les autres. En qualité de lieutenant Hors-Class, j’étais détaché comme C.O.S durant cette période de grande recrudescence de la pandémie. Avec mes équipes, et les diagnostics établis, la région Pays de Loire est l’une des régions les moins impactées par la pandémie. C’est à croire que les dispositifs de lutte contre le Covid-19, non seulement ont été respectés mais surtout la rigueur dans l’application était de mise. Tout le monde était consterné.
Effectivement j’ai été contraint de rester en France, compte tenu du statut que j’avais en ce temps, or le besoin était dense au Togo. Cependant le travail de la cellule de gestion de la crise sanitaire autour du président de la République togolaise a su répondre et faire appliquer les textes de lois en décrétant très rapidement l’état d’urgence sanitaire dans la première phase de la pandémie entre novembre 2019 et septembre 2020. Une pléiade de mesures concrètes pour la protection civile mais aussi par les aides sociales organisées par le gouvernement togolais à travers la commission de riposte. Nul n’est parfait mais l’Etat a fait ce qui semblait prioritaire et indispensable pour maîtriser la propagation du Virus. Je veux aussi avoir une pensée à ces centaines de familles togolaises, et d’ailleurs, décimées par la pandémie de Covid-19. C’était ingérable un peu partout, au point de se demander si on ne serait pas soi-même sur la liste des prochains décédés. Mais je félicite d’abord le gouvernement de M. Selom Klassou qui a ouvert la gestion des premiers cas Covid-19. La continuité du service de riposte a été bien assurée par le gouvernement de madame DOGBE-TOMEGAH jusqu’à la sortie de crise… mais nous sommes appelés à vivre avec cette maladie et ses variantes. Nous devons rester vigilants et réorganiser notre modèle social et de société.
Nous sommes aujourd’hui dans une phase du retour progressif à la normale après une longue traversée du désert, et surtout avec les moyens sanitaires et médicaux peu convenables. C’était très difficile dans tous les pays en voie de développement… tout comme en Occident où les services publics de santé se sont retrouvés débordés rapidement. Mais je suis heureux d’être en vie, et avec la rigueur affichée par les administrations publiques togolaises, nous devons nous en sortir progressivement.
Votre projet « Non à la violence dans les stades» était à sa 5e édition cette année. Dites-nous brièvement comment s’est déroulé l’événement cette année ?
Pour être précis, le projet Non à la Violence Dans les Stades existe depuis 2011 officiellement et depuis 2004 officieusement. Mais nos actions proprement dites sont liées à des saisons de football de D1, D2 et championnat féminin. Pour cette édition, après le grand coup d’arrêt lié à la pandémie de Covid-19, déjà il aurait fallu vraiment une reprise dans une formule appropriée pour que nos différents championnats majeurs soient réguliers et surtout achevés. Pour cela, nous devons féliciter le COMEX de la Fédération togolaise de football (FTF) et son président pour avoir réussi ce défi.
Pour revenir à la question, à savoir comment se sont déroulées les activités cette édition, il faut éviter la suffisance en terme d’exécution de nos activités. On pourra toujours mieux faire puisque la perfection n’est point de ce monde. Toutefois je veux rendre un vrai hommage à monsieur Abel ZINDODJI, mon directeur de coordination des activités autant sur l’aspect sportif (NVDS) mais aussi sur le plan social. Au lendemain de mon retour à Lomé, nous avons été un peu bousculés par le timing d’exécution des activités. Cela est dû aux différents aspects des agendas des uns et des autres afin d’obtenir le crédit d’agir en toute sécurité, car n’oublions pas que nous sommes toujours dans une période compliquée et difficile où nous sommes tributaires de cette pandémie de Covid-19.
En dehors des micro-actions par-ci et par-là toujours inscrites dans notre programme, nous avions pour cette édition deux principaux points d’ancrage de nos actions à savoir le grand gala de football à Atakpamé le samedi 28 mai dernier sur toute la journée avec la participation de 4 équipes qui n’avaient jamais eu l’occasion de participer aux éditions précédentes. Pour cela, je veux remercier les deux centres de formation sportive de football : Gnilim football d’Adeticopé et Ro-Mario de la localité de Zanguera, mais aussi Association Football d’ Avetonou, et AJCAT de la ville des 7 collines (Atakpamé). Ce fut une grande réussite. “OUI”, une belle réussite avec plein de surprises positives tant pour le cadre et pour l’humain avec la rencontre de l’élu local l’adjoint au maire de l’Ogou. Il a contribué en tous points et niveaux à la réussite du gala de football. D’ailleurs l’équipe locale AJCAT s’est adjugé le trophée du vainqueur du gala avec tout le lot de récompenses. Le plus important en termes de symbole pour ce gala reste le prix de la meilleure formation qui se serait bien comportée durant cette journée sportive. Il s’agit donc du centre de formation de football de GNILIM FC qui est reparti avec d’importants lots de maillots et de matériels sportifs et de ballons marqués Sergio Sports (un partenaire de premier plan). Le second événement reste la grande soirée des récompenses NVDS qui s’est tenue une semaine après le gala le 04 juin 2022 dans une salle pour l’occasion à Lomé à proximité du siège d’UNIR et de la HAAC.
Nous avions primé les différents acteurs et responsables du football togolais. Je veux aussi rendre hommage à madame le ministre des Sports et des loisirs pour son implication personnelle et le parrainage de cette soirée des récompenses NVDS. Nous avions réussi un défi de récompenser symboliquement vingt acteurs, responsables politiques, clubs de football, arbitres et journalistes médias… Il est donc à souligner l’envergure internationale qu’avait prise cette soirée des récompenses avec les représentants guinéens (représentant du président SOUARÉ), CAF (Média CAF) mais aussi béninois pour le président de RMPS (Réseau mondial pour la paix par les sports). Et comme je l’ai précisé, le « NON À LA VIOLENCE DANS LES STADES » n’est pas un projet que pour le Togo, mais pour tous les secteurs d’activités sportives. Notre objectif est et sera de porter notre ambition à l’échelle continentale ou tout au moins au niveau de la sous-région. Mais le plus dur reste à venir.
Le football togolais prépare son entrée dans le professionnalisme, une bonne option, n’est-ce-pas ?
Il y a plus de 4 ans j’avais évoqué cela en parlant de la voie de la professionnalisation des sports et en l’occurrence le football au Togo. Dans l’état actuel des choses, la professionnalisation des sports et du football togolais est une bonne chose. Je ne veux pas ici critiquer le processus mais pour ma part, avec un regard d’un Conseiller technique régional d’arbitrage (CTRA-ADJOINT) de la ligue des Pays de Loire, je crois que le fait de passer directement de sports amateurs aux sports professionnels serait un risque que je ne prendrais pas si je ne passe pas par la case de la voie de la professionnalisation. Il faut aller étape par étape afin de confronter les contraintes juridiques, sociales, économiques et surtout sportives. La professionnalisation des sports impliquerait des actions gouvernementales et des entreprises du secteur privé. La professionnalisation impacterait directement les statuts des clubs de football par les centres de formation professionnelle. La professionnalisation engendrerait la mise en place d’un système d’exonération fiscale de ces entreprises multinationales, étatiques et ou privées. La professionnalisation imposerait un cadre juridique sans précédent à la fois aux présidents des clubs mais aussi la rigueur et la mise en application de ce cadre juridique.
Ma question est: ” Est-ce que toutes les conditions sont réunies dans les sports togolais pour passer directement du football amateur au football professionnel en ignorant l’étape de la “voie de la professionnalisation”? Puisque c’est là que se trouve le chemin d’étude des réelles contraintes menant à la professionnalisation du secteur d’activités sportives.
Vous enchaînez des promotions en France. Sapeur-pompier, vous êtes lieutenant hors-classe, vous étiez dernièrement promu directeur régional interministériel de la normalisation des systèmes de sécurité incendie et prévention des infrastructures. Un togolais qui réalise une telle performance en terre étrangère, comment vivez-vous cet exploit ?
Je ne considère pas ma situation professionnelle actuelle ou mon parcours professionnel comme un exploit. La culture du méritant par les compétences et qualités humaines fait son effet. Quand on fait les bons choix tant pour sa vie professionnelle que pour sa vie privée, on reçoit comme résultat de l’épanouissement professionnel. Au-delà de mes compétences, il est indéniable que mon côté volontaire à vouloir relever les grands défis majeurs de notre société et me confronter aux problèmes existentiels de notre société également sont pour moi un stimulant, de l’adrénaline pour ma personne. Vous savez, tout est allé vite avec l’avènement de la pandémie de Covid-19. D’abord, je me suis donné les moyens pour occuper avec efficacité le poste Chef de groupement juridique, formations et sports Zone Nord des Pays de Loire durant presque 3 ans en redonnant vie à certains secteurs d’activités de cette zone (3 préfectures : Maine-et-Loire, Mayenne et Sarthe.) Mais la pandémie nous a obligés à revoir toute l’organisation régionale de lutte contre le Covid-19. Faisant partie de la cellule de crise sanitaire Covid-19, je bénéficie de la confiance des décideurs régionaux tels que le chef d’état-major régional, le Président de région… pour être détaché comme Commandant des Opérations spéciales et sanitaire (C.O.S.S.).
Je pourrais dire que ce fut la toute première fois que je me confronte avec une réalité importante, indispensable et surtout immédiate contre laquelle mon équipe de prévisionnistes et moi-même devions agir avec des résultats immédiatement escomptés. C’était très stressant et difficile d’entendre et ou de voir le baromètre des décès liés au Covid-19 s’élever. C’était une hantise de vouloir faire baisser ce baromètre. Après quelques semaines de mise en application des restrictions réglementaires localement par l’avis des préfets, nous avions réussi à inverser la tendance alors qu’ailleurs c’était très compliqué.
Toutes ces expériences professionnelles et humaines me permettent de prétendre à des postes plus conséquents et plus importants. Dans une stratégie d’innovation pour la quête de l’électorat, et surtout dans le processus de développement et de décentralisation des pouvoirs publics, les 12 régions de France avaient la prérogative de création de cette fonction décisionnelle. Étant déjà Lieutenant Hors-Class (avec les fonctions de capitaine), j’ai été proposé par le chef d’état-major régional des Pays de Loire au Président de la même région comme candidat sérieux à la fonction. Trois à cinq mois après, le chef d’état-major régional m’annonce qu’il m’a proposé à la fonction qui devait s’ouvrir à la rentrée 2021, autour de septembre. Puis le 19 septembre 2021 effectivement je reçois ma nomination par décret présidentiel de ma région. Est-ce un exploit, ou du mérite? Je pense que tout ce que nous faisons résonne dans l’éternité. Je suis chanceux, tout simplement, mais la chance seule ne suffit pas, ici le mérite est le premier critère.
Le Togo est visé ces derniers temps par des attaques terroristes, que vous inspire cette situation?
Un sujet sur l’intégrité territoriale. Dans un premier temps, je condamne avec la plus grande vigueur les actes et attaques terroristes contre mon pays et contre tout autre pays. Le président de la République togolaise, son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, chef des armées, met tout en œuvre pour la protection de notre territoire et la vie de nos concitoyens. Mais il faut savoir que les terroristes ont un objectif : occuper les frontières et avancer dans les territoires pour y imposer leurs lois et dogme. J’encourage la forte volonté de nos forces armées togolaises sous l’impulsion du chef d’état-major général des FAT à toujours défendre bec et ongles l’intégrité territoriale de notre nation. Ne jamais flancher. “Vaincre ou mourir pour la patrie” devra être le mot d’ordre… Le terrorisme sous n’importe quelle forme doit être combattu avec vigueur.
On vous sait politiquement proche du parti au pouvoir. Selon le dernier sondage de Afroaromètre, la majorité écrasante des togolais ont une préférence pour Faure Gnassingbé, au détriment de l’opposition. Quel regard portez-vous personnellement sur ce sondage ?
Comme vous le dites si bien, “On me sait proche du parti au pouvoir.” Ce n’est pas un scoop. Je vais juste vous confirmer que je fais partie des 2000 premiers adhérents au parti UNIR. Ce n’est pas rien. Mon analyse sur la politique intérieure engagée par le président de la République, S.E.M Faure Essozimna Gnassingbé est sans appel. Il est rare de trouver un chef d’Etat qui place les intérêts du pays et des concitoyens avant ses propres intérêts. Il est compliqué de trouver à ce jour un homme politique qui pense pouvoir donner sa vie pour l’intérêt national. Mais nous avons la chance d’avoir ce rarissime homme d’exception et d’Etat au Togo : Faure Gnassingbé.
Vous savez bien que le Togo a besoin d’un redressement économique et en même d’assainissement de tous milieux et secteurs d’activités. C’est bien les sondages. C’est même révélateur du baromètre de la politique menée. Soyons sérieux et un peu plus réalistes. Sans vouloir remonter le temps, la politique intérieure voire celle de la sous-région que le président de la République engage ici et là n’a rien avoir avec ce que nous proposent les adversaires. Si ce n’est de l’utopie, et la politique de marchand de tapis avec la guerre des sièges à l’assemblée nationale, ou encore lors des élections locales dernièrement. Nous connaissons tous, les dessous des ambitions et surtout les imbroglios économiques et financiers de ces personnalités de l’opposition, s’il y en a une.
Les togolais et les togolaises ne méritent pas cette façon dont l’opposition les traite à travers les mensonges à répétition. Pour revenir à ce sondage, les chiffres parlent d’eux-mêmes et les évolutions infrastructurelles du pays sont au rendez-vous.
Un grand chantier sur la décentralisation des pouvoirs publics est en cours. Souvenons-nous des élections locales pour mieux administrer désormais nos communes! Bientôt, il est indéniable que les élections régionales seront la clé de voûte du développement de nos régions et villes. Cela me ramène dans les années 70 où la France s’était engagée dans ces mêmes réformes institutionnelles de décentralisation avec les présidences de régions et des ministères du développement des villes… Quand on a une vision pour son pays, il vaut mieux la faire savoir et cela par la voie de la chambre des députés et le président Faure le fait excellemment bien pour l’intérêt national. Soyons patients. La bonne gouvernance et les réformes institutionnelles sont forcément notre leitmotiv pour amener le pays vers une émergence relative.
I also conceive thence, perfectly indited post! .
You are a very intelligent person!