Les démons de la violence ont assombri le dimanche 19 décembre dernier le spectacle alléchant dont se gavait paisiblement le public sportif lors de la confrontation Sémassi-Kakadl dans l’antre des guerriers de Tcahoudjo. Un pénalty sifflé et annulé par l’arbitre après concertation avec son assistant a déclenché l’ire des supporters locaux qui ont férocément envahi la pelouse, distillant violences et brutalité. Le bilan n’est pas dramatique, mais l’on n’en était pas si loin, un gendarme a été touché à la tête par un projectile, plusieurs blessés, des actes de vandalisme sur le véhicule de Kakadl.
Promptement, la Fédération togolaise de football (FTF), sous l’égide de son président le colonel Guy Akpovy, a fermement condamné ces violents incidents. Dès le lundi 20 décembre, et le comité d’urgence et la commission de discipline de la FTF se sont réunis. La commission de discipline décide de la suspension “jusqu’à décision définitive à intervenir et d’infliger des matches à huis clos à disputer à l’extérieur à Sémassi FC”. Conséquence attachée à cette décision, Sémassi FC disputera ses matches à domicile à huis clos au stade d’Atakpamé, Unisport envoyé au stade municipal de Kara.
La décision a été saluée presque à l’unanimité, mais il est temps que les juridictions de droit commun participent à l’éradication du phénomène des violences dans les stades. Celles-ci constituent une grave atteinte à l’ordre et à la sécurité publics, leur gestion ne peut plus relever de la seule prérogative des dirigeants du football national. Parrallèlement à la procédure disciplinaire de la FTF, dans le cas d’espèce, le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Sokode devrait immédiatement ouvrir une enquête judiciaire.
Ainsi, outre les sanctions sportives, les personnes identifiées comme présumées coupables de ces violences seront poursuivies par le ministère public, autrement, elles peuvent courir le risque d’être placées sous mandat de dépôt si des indices graves et concordants sont réunis pour constituer les chefs d’accusation retenus à leur encontre. En ce faisant, le fanatisme et les relents de hooliganisme peuvent céder la place progressivement à la discipline et aux valeurs du football que sont, entre autres, le respect de l’adversaire, la tolérance et le fair-play.
La fermeté du colonel est salutaire mais ne suffira pas, la justice doit jouer sa partition pour renforcer la lutte contre ce qui tend à devenir un fléau. Aussi faut-il envisager le renforcement de la sécurité dans et autour des stades, surtout pour les matches suspectés à haut risque. Il est déplorable de constater que certains matches de première division se déroulent encore en présence seulement d’une poignée d’agents de sécurité. Sans oublier d’engager la responsabilité des dirigeants de clubs dans la sensibilisation des supporters, bref, la lutte contre les violences dans les stades doit être une oeuvre commune et non le seul devoir de la FTF.