Le président par défaut du Parti des Togolais, Nathaniel Olympio, propose une alternative bizarre à ses pairs de l’opposition togolaise pour garantir l’alternance au sommet de l’Etat. Dans l’émission “Retro” de Victoire Fm le samedi dernier, cet acteur politique exposait les conclusions des réflexions menées par sa formation politique. En résumé, M. Olympio propose aux partis politiques l’abandon de la course aux élections politiques dans notre pays, autrement, le non engagement dans tous les processus électoraux, pour laisser la lutte entre les mains des citoyens.
« Dans les conclusions que nous avons suite aux réflexions que nous menons, il ne faut plus laisser la lutte entre les mains des partis politiques parce qu’ils sont faits pour aller à des élections. Et comme nous ne voulons plus aller à des élections parce que nous ne pouvons pas les gagner, il faut sortir du schéma qui met le parti politique devant la lutte. Les partis politiques doivent avoir la force et la compréhension et l’intelligence politique de se dire qu’ils ne peuvent pas gagner les élections, se mettre en retrait et laisser la lutte devenir citoyenne », signe M. Olympio.
Une réflexion pour le moins cocasse, sinon absurde, qui entérine la toute puissance du parti au pouvoir que l’opposition ne peut détrôner démocratiquement par les urnes. C’est en fait une capitulation de l’opposition togolaise, une résignation pour créer les conditions d’une longévité du parti Union pour la République au pouvoir, la confirmation que l’opposition n’a plus d’intelligence pour le montage d’une stratégie innovante et gagnante.
En défaitiste invétéré, M. Olympio déclare : « S’ils veulent continuer à défendre les couleurs de leur parti politique individuellement, nous n’obtiendrons jamais, pour le bénéfice des Togolais, ce qu’ils veulent ».
Une approche mal taillée pour tuer l’enjeu et le jeu politiques une fois de bon. Un parti politique sérieux est créé pour la conquête et l’exercice du pouvoir, mais il se trouve que M. Olympio n’a jamais participé à une élection, ni individuellement ni sur le compte de son parti politique, ce qui peut justifier la vacuité de sa proposition. Cironstance atténuante, donc.
Sur le comment les citoyens peuvent engager la lutte et réussir là où l’opposition a échoué depuis plusieurs décennies, Nathaniel Olympio se montre bien vague et imperceptible.
« Il reste que le peuple souverain s’exprime et la constitution donne le loisir au peuple togolais d’exprimer ses attentes d’une manière ou d’une autre. Le peuple togolais est obligé de s’appuyer sur cette constitution-là pour s’exprimer », recommande-t-il.
Dans une démocratie représentative, le peuple n’a autres voies d’expression que les urnes où, à travers le suffrage universel, il choisit ses représentants devant exercer le pouvoir en son nom, dans son intérêt. Et la constitution togolaise consacre cette prérogative au peuple, qui l’a toujours exercée.
Que M. Olympio demande à ce peuple d’exprimer “ses attentes d’une manière ou d’une autre” en lieu et place des partis politiques, sur la base de la constitution, en vue de réaliser l’alternance, la réflexion paraît si légère et très floue, et peut facilement renvoyer à un projet d’insurrection populaire. Ce qu’il n’a pas le courage de dire explicitement.
Devant l’incapacité chronique de l’opposition à remporter toute sorte d’élection au Togo, l’on attendait une réflexion lucide qui fait un diagnostic froid des causes des échecs répétés, et des propositions audacieuses pour sortir de l’abysse, en inventant des paradigmes qui mettent en déroute toute l’organisation scientifique du parti au pouvoir dès la prochaine présidentielle. Ce que nous sort du chapeau magique Nathaniel Olympio est un défaut de hauteur, pour éviter de dire une bassesse qui n’a pas sa place dans le débat politique. Faut-il en rire ou en pleurer?