Aero-Transport, l’enfer dirigé par une dame sans cœur, Borombossou Alice

Aucun contact humain, mais des rapports de domination, et de soumission qui transforment l’employé en instrument de production, cette paraphrase d’une assertion de Aimé Césaire dans le Discours sur le colonialisme, pour caricaturer l’enfer que vivent les employés de Aero-Transport, une société de la plateforme aéroportuaire de Lomé. Là, tout a l’air d’un bagne où sont internés des forçats, forcés d’accomplir exclusivement leurs devoirs, tous les droits interdits, sous la régence exercée par la main d’acier de la directrice Borombossou Pyalou Alice, avec la parfaite complicité de pseudo délégués du personnel transformés en lèche-bottes.

Sur la plateforme aéroportuaire, les goulags sont nombreux. Après la Société de Handling Togo (SHT) que nous avons dénoncée dans une précédente parution, descente au coeur de Aero-Transport, société installée depuis juillet 2007 par Kogoe Akrima, et où les employés n’ont qu’un seul droit, celui de travailler tels des robots et de générer profit aux maîtres. Aero-Transport, société anonyme au capital social de 687 110 000 francs CFA, gère le transport des passagers embarquant/débarquant. La cinquantaine d’employés assure le transfert des passagers des aéronefs à la salle d’embarquement – et de la salle d’embarquement aux aéronefs.

Ici, on ne fait que verser sa sueur, on ne parle pas, on ne réclame pas ses droits, pas de syndicalisme, la promotion est réservée aux béni-oui –oui, les primes et les congés annuels peuvent être supprimés à tout moment, les mises à pied tombent au quotidien, les heures supplémentaires sont excessives, la rétrogradation des employés se fait sans justes motifs, les prêts bancaires des agents sont surveillés par la cheffe, pas de réunions… bref, ici, on est dans une société où la cruauté, l’inhumanité et l’esprit de colonisation sont érigés en mode de gouvernance. L’exploitation des employés rappelle avec amertume l’ère de l’esclavage. Jugeons-en par ces poignants témoignages d’employés recueillis sous le sceau de l’anonymat.

« Un agent accuse un retard de 19 minutes, dû à une panne justifiée de moto en route pour le service, il a été sanctionné d’une mise à pied de 3 jours ; en août passé, un autre agent de sécurité avait tout simplement oublié son cache-nez, il a été sanctionné d’une mise à pied de 8 jours. Les mises à pied sont devenues de petits pains qu’on nous distribue. Le pare-brise d’un chauffeur subit une légère dégradation, il a payé le coût, qui s’élève à près d’un million, alors qu’il était sous prêt, un agent d’exécution en plus. Ce fait s’est passé en septembre 2017. Le pire, l’agent fautif a été rétrogradé, devenant un agent de liaison. », relate un premier agent rencontré.

Son collègue va embrayer : « En plein covid, la direction a procédé à la suppression des primes de rendement de 9 mois, à la suppression des congés de 2020 tout en augmentant les heures de travail pour certaines vacations qui ont 50 ou 52h par semaine ; il faut travailler 7 jours consécutifs avant de jouir d’un jour de repos. La promotion des agents se fait par affinité et clientélisme, il y a des agents qui ont commencé en 2007 avec un salaire de base de 44 000 francs, ils sont cloués en 2021 dans la même catégorie, salaire inchangé, soit 14 ans après, parce qu’ils n’ont personne derrière eux. La directrice s’est permise de distribuer des congés annuels anticipés, et à la suite, des congés techniques, avec suspension des primes de rendement d’avril à décembre 2020, soit neuf mois. En fin janvier 2021, les primes sont ramenées, malheureusement avec une réduction sans justification. Et personne n’a droit de dire mot, nos délégués du personnel sont acquis à la cause de la direction. »

Ces délégués, réduits à néant, sont devenus complices pour garantir leurs intérêts personnels, et ils ont fait une croix sur les attributions qui leur donnent droit, d’après l’article 268 du Code du travail, “de présenter aux employeurs toutes réclamations individuelles ou collectives concernant les conditions de travail, la protection des travailleurs, l’application des conventions collectives, des classifications professionnelles et des taux de salaires qui n’auraient pas été directement satisfaits” (…) de communiquer à l’employeur toutes suggestions utiles tendant à l’amélioration de l’organisation et du rendement de l’entreprise…” Contre toute attente, ils sont devenus les gommes utilisées par l’administration pour effacer les droits, même les plus élémentaires de leurs collègues, et des munitions pour flinguer des collègues ‘’récalcitrants’’.

« En 2016-2018, un délégué adjoint a tenté de réclamer l’amélioration des conditions de vie du personnel, il a eu tous les problèmes du monde », rappelle un autre employé. Élus en 2018, le mandat des délégués du personnel au regard de l’article 262 du Code du travail expirait en 2020, mais tout est mis en œuvre, et pour cause, pour empêcher l’organisation de nouvelles élections.

Cruauté et insensibilité
Depuis la nomination en fin 2007 de Borombossou Pyalou Alice comme directrice générale, les conditions de travail et de vie ne cessent d’empirer, Aero-Transport dorénavant gérée comme une épicerie. Appuyée sur la béquille de Kogoe Thibaut, petit frère et antenne du fondateur dans la société, la directrice a étouffé les libertés fondamentales des employés écrasés par la dictature des sanctions injustifiées. En toute insensibilité.

Les femmes sont souvent préférées à la direction des sociétés pour leur humanisme et leur sens de la justice, et surtout leur attachement à l’efficacité dans le rendement. Ingrid Awade est au Togo l’archétype des femmes leaders qui font montre de telles qualités et vertus dans la gestion des sociétés d’Etat de grande envergure. A son départ de la direction générale des impôts, des employés ont versé des larmes. Myriam Dossou à la tête de l’Inam des années durant, personne n’a entendu moucher un employé pour se plaindre de maltraitance. Les exemples sont légion. Mme Borombossou Pyalou Alice, sans faire comme celles-ci, devrait quand même aller à leurs écoles pour changer de méthodes de management, afin de redresser Aero Transport où les gémissements et les grincements des employés tonnent et se font entendre à mille lieues.

Tout contrôler
« Pour faire une demande de prêt, l’employé doit multiplier des navettes interminables entre sa banque et l’administration. La directrice veut suivre tout de près, imposant même le plafond de prêt (45% du salaire), ce qui ne relève pas de sa compétence. Nos gestionnaires à la banque sont mis en garde, ils sont contraints de respecter les consignes de la directrice. Comme c’est elle qui a le monopole de tout, personne ne doit rien dire. Autre chose qui nous tracasse est que les permissions sont accordées à la tête du client. Si quelqu’un a un décès dans sa famille, il faut présenter le faire-part d’abord, mais malgré ça, parfois des permissions sont rejetées. Certaines permissions sont sanctionnées d’un prélèvement de la prime de rendement. Quand l’on prend les congés annuels, cette prime est également prélevée. Délégués et employés, personne n’est affilié à un syndicat de défense des droits des employés“, ajoute un autre agent.

Légèreté
Les recrutements sont opérés de manière anarchique, sans objectifs préalablement définis. Des chauffeurs auraient été récemment recrutés. C’est après le recrutement que des tests d’aptitude et de performance ont été faits, preuve d’une incompétence criarde, ou tout simplement d’un manque de vision. Pour des fins de recoupement d’information, nous avons adressé, dans la préparation de cet article, un courrier à la directrice générale de Aero Transport. Aucune suite. Un silence sinon une indifférence qui traduisent le mépris et le dédain essuyés au quotidien par ses employés.

Natchaba au secours
Les litanies de récriminations des employés de Aero-Transport sont inépuisables, tant leurs souffrances sont grandes et profondes. Aux dernières nouvelles, à la suite de notre courrier, les délégués du personnel ont convoqué le personnel à une réunion pour le 17 mars prochain, une première depuis belle lurette.

Nous reviendrons une prochaine fois sur d’autres aspects des conditions de vie et de travail de ces employés livrés à leur triste sort. Qui pour les délivrer ? Ils en appellent à une seule personne, Kanka-Malik Natchaba, secrétaire général du gouvernement, et actuel président du conseil d’administration de Aero-Transport. Est-il bien renseigné sur le calvaire imposé par sa directrice générale aux employés, peut-on se demander.

2 thoughts on “Aero-Transport, l’enfer dirigé par une dame sans cœur, Borombossou Alice

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