Préliminaires LDC CAF / Asko, ou l’aventure burlesque – amanilesque

Les kondona ont débarqué à Marrakech avec un panier qu’ils ont réussi à remplir de 7 buts, sans en claquer un à l’adversaire.

Battus un but à zéro à domicile le 20 août dernier, les joueurs togolais d’Asko de Kara étaient condamnés à un exploit pour continuer leur chemin dans cette compétition. En lieu et place, ils ont taché le respectable maillot Jaune et Noir d’une défaite historique et surtout d’une prestation soporifique que la Confédération africaine de football va rapidement effacer de ses archives.

Dès le coup de sifflet, la fébrilité de l’équipe était apparente, Wome et ses coéquipiers s’affichent timorés, limités dans leurs possibilités de relever le défi du jour, la lucidité et la confiance en soi en berne.

Le calvaire va démarrer dès la 14e minute. Sur une transition offensive de l’AS FAR, une relance depuis la défense est maladroitement repoussée par Ama Tchoutchoui, qui offre carrément une passe décisive à Khalid Ait Ouarkhane sur le flanc droit de la défense.

Mû par une mauvaise lecture de jeu, le portier Drissa Kouyate vide sa cage et va tenter d’enrayer le danger en dehors de sa surface de réparation. Ouarkhane récupère le cuir, l’efface de son chemin, avant de brûler la politesse à Douhadji et Magnime pour placer la première banderille du match (1-0).

A la 33e minute, un centre venant de la droite retrouve étrangement un marocain seul au 2e poteau, celui-ci adresse avec précision une passe à Ismael Agoro qui n’a eu aucun mal à pousser la balle dans les filets (2-0). Asko tente de réagir à la 35e minute, mais sa contre offensive n’accouche de rien.

Jusque-là, la formation des Jaune et Noir évolue en 3-5-2, avec à la base Douhadji au centre, entouré à gauche de Magnime et à droite de Ama Tchoutchoui; les couloirs occupés par Roland Amouzou et Abdoul-Sabourh Bode; le milieu géré par Farid et Novon à la récupération, Wome en milieu offensif, Moussa Marone et Amara Bagayoko en attaque.

Mais dès la 26e minute, on remarque quelques repositionnements étranges, Magnime s’offre un long débordement sur le flanc gauche, on le retrouvera dans le rôle d’un milieu récupérateur à la 38e minute sur un tacle arrière appuyé sur un adversaire, ce qui provoque la colère des marocains. Et dans la foulée, Magnime voit rouge, laissant ses coéquipiers à dix. Pourquoi se retrouve-t-il dans cette zone? Inexplicable tactiquement. Parce que dans telle disposition de la défense, s’il devait y avoir permutation, Douhadji était le mieux placé pour se retrouver précisément dans cette zone, et Novon descend d’un cran.

Asko, réduit à dix, perd davantage le fil, subit les assauts offensifs plus qu’il n’en crée, mais à la 41e minute, Amara va hériter d’une balle sur le flanc gauche, très vite il est pris en tenaille par deux adversaires, et faute de solutions, il se fait arracher la balle.

Sonnés par le rouge de Magnime, et le temps de se réorganiser, les poulains de Amani Yao accueillent deux ballons dans leurs filets devenus si perméables. A la 44e minute, Ahmed Hammoudan se voit livrer une balle dans le dos d’une défense mal alignée, à la limite du hors jeu, il élimine avec grand plaisir Drissa Kouyate et signe le 3e but de la partie. Le même Hammoudan va revenir moins de deux minutes après pour signer son doublé de la soirée.

A la reprise, Asko commence la partie avec un 2-4-3, Ama Tchoutchoui et Douhadji dans l’axe de la défense, Roland et Abdoul-Asabourh gardent leurs couloirs, Farid et Novon à la récupération, et devant, Wome à gauche, Marone à droite et Amara au centre.

L’enfer recommence seulement cinq minutes après. L. Diakite réceptionne à la lisière de la petite surface un centre venu de la droite, malgré ses deux gardes du corps, Farid et Douhadji, il réussit à décocher une frappe lourde qui fusille à bout portant Drissa Kouyate (5-0). Amani va épuiser ses cinq changements en deux temps, avec les entrées de Terry, Harissou, Tchakei, Kouyara et Madjedje, mais rien ne va changer significativement dans ce match.

Les Kondona vont retrouver les fondamentaux du football, multiplient quelques bonnes combinaisons mais avec des jambes alourdies, l’équipe a du mal à franchir la ligne médiane. Il faut attendre la 68e minute, pour voir Harissou récupérer une relance du milieu de terrain, mais seul à la lisière de la surface de réparation, il est obligé de revenir en arrière.

Asko aura même abandonné le pressing, sur les transitions défensives, presque 20 mètres séparent Terry, largué seul sur le front de l’attaque, de la deuxième ligne. A la 73e minute, Drissa Kouyate, qui anime ce soir un spectacle gag, va sortir à nouveau de sa cage pour aller faucher en pleine surface de réparation El Amine Zouhzouh, qui vient de passer en revue la défense. Pénalty, transformé par le capitaine de l’AS FAR, Anouar Tarkhatt (6-0).

Et pour couvrir le panier à buts, El Amine Zouhzouh enfonce le clou de l’humiliation à la 90e minute par un 7e but. Abdoul-Sabourh se retrouve seul au 2e poteau au milieu de trois marocains, El Amine Zouhzouh à la réception d’un centre, n’a eu la moindre difficulté à clouer Drissa Kouyate au pilori.

Le score sur les deux confrontations (8-0) reste le pire enregistré sous la présidence de Mey Gnassingbé, alors que le club a réalisé un parcours continental honorable la saison passée. En deux confrontations, le coach ivoirien Amani Yao, cheville ouvrière de cette aventure burlesque-amanilesque aura étalé ses limites, soulevant un tas de questions sur ses réelles capacités à contribuer efficacement à l’atteinte des objectifs d’Asko de Kara. Dans les registres organisation tactique, projet et philospohie de jeu, connaissance et gestion de l’effectif des joueurs, gestion de matchs, ce fut tout simplement une catastrophe.

Par ailleurs, cette défaite montre à Mey Gnassingbé l’étendue des défis à relever pour la réalisation de ses grandes ambitions, notamment la qualité et la cohérence de la politique de recrutement, la gestion des contrats des joueurs (l’ossature se disloque n’importe comment d’une saison à l’autre), la discipline collective et individuelle des joueurs, l’érection d’Asko comme une institution au-dessus des joueurs et du personnel, mais aussi l’objectivité des investissements.

Du côté des joueurs, ces deux matchs réflètent leur réel niveau sur la scène internationale, ils viennent rappeler à ceux qui piquent la grosse tête, se prenant déjà comme des méga stars que le chemin est encore long, et leur niveau bien loin du high level.

Yves GALLEY

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