Une morgue dans le Yoto 2 : allégresse des populations, de l’intox et une polémique farfelue des mortels

Sous pression de récurrentes sollicitations, le maire de Yoto 2, Sylvestre Ayawavi Adjra, décroche un contrat de partenariat public privé de type concessif avec Togosep pour la construction d’une morgue moderne. L’initiative, saluée avec allégresse par les populations, contraste avec une polémique farfelue, allumée par des détracteurs à la conception étriquée de la gouvernance locale, à travers des réserves et des critiques d’une absurdité choquante.


Le 04 octobre 2021 s’est déroulée à Ahépé la cérémonie de pose de la première pierre pour la construction d’une morgue dans la commune Yoto 2. Cette infrastructure sanitaire et hospitalière sera livrée en mars 2022, soit après six mois d’intenses travaux. Le projet est porté par l’exécutif de la commune Yoto 2, mais sera traduit dans le concret grâce à un appui technique et financier de la société Togo Sépulture (Togosep) du groupe Anafa International. Les questions liées au budget, à l’utilité et à la priorité de ce projet, ou même à l’existence juridique de Togosep ont donné lieu aux interprétations les plus variées, les plus incompréhensibles parfois, sur les réseaux sociaux.

Priorité?
Dans un pays en développement comme le nôtre, confronté à un océan de besoins au chapitre des services sociaux de base dans les domaines de la santé, l’éducation, les pistes rurales, l’électricité, les services financiers, l’hydraulique, l’assainissement, entre autres, tout est priorité. ll est une évidence, dans la cartographie communale des services communautaires de base à mettre à disposition des populations, particulièrement dans le Yoto 2, en matière de santé publique, un centre hospitalier digne de ce nom est une nécessité, une priorité. Oui, mais une morgue, pour éviter aux populations la manipulation avec amateurisme des dépouilles mortelles et leur conservation domestique, avec tous les risques encourus en cette période de pandémie à coronavirus, s’érige indiscutablement au rang de priorité. Avec cette précision que l’arrêté du 24 janvier 1933 complétant l’arrêté N°47 réglementant la sépulture au Togo interdit les conservations de corps et les inhumations à domicile. Mais à défaut d’une morgue, la loi semble muette, les maisons sont devenues des unités de conservation des corps des défunts et n’importe qui s’improvise thanatopracteur.

Fustiger avec véhémence le caractère prioritaire de la construction d’une morgue époustoufle à couper le souffle. Surtout venant des mortels que la fatalité peut inviter un jour ou l’autre à faire un bref séjour dans cette singulière structure d’accueil.

Trop coûteux?
Dans sa vaste recherche de partenariats pour accompagner son plan de développement tous azimuts, l’exécutif de Yoto 2 réussit à convaincre un partenaire qui marque son approbation pour la construction d’une morgue de 100 civières, sur la base d’un contrat de partenariat public privé (PPP) de type concessif. En clair, une délégation de service public, aucune ligne budgétaire de la commune n’est sollicitée. Il ne s’agit pas d’un marché public, l’entrepreneur construit l’infrastructure avec ses propres moyens et supporte les risques d’exploitation, en pertes ou en bénéfices. La mairie aura néanmoins un droit de regard dans l’exploitation pour maintenir le respect des clauses du contrat.

Le coût global de financement du projet est estimé à 300 millions FCFA, incluant tout, d’après les explications du directeur de Togosep, Ekuhoho Mawuko Anani Afangnibo, que nous avons contacté, notamment les frais bancaires, les équipements, la construction du bâtiment et les installations, le dédouanement des équipements, les fonds de roulement et frais connexes.

“Après, il y aura les espaces à aménager, l’ouvrage a besoin d’une surface totale de 1200m2”, a-t-il détaillé.

« Un édifice du genre, à ce prix, paraît plus que raisonnable; la morgue est une infrastructure construite avec des spécificités techniques bien particulières. », explique un technicien des BTP. “La morgue, ce n’est quand même pas un poulailler, mes gars de Yoto”, ironise un internaute sur Facebook.

Togosep, une entreprise inexistante?
L’autre affabulation versée dans les critiques du projet, une cocasserie sans doute, reste l’affirmation de l’inexistence de l’entreprise admise pour l’exécution. D’après les registres de la Chambre de commerce et d’industrie du Togo (CCIT), l’entreprise en question a été formalisée le 08 avril 2019, sous la dénomination : Togo Sépulture (Togosep); forme juridique : Sarl; N°RCCM : TG-LOM 2019 B 1009; NIF : 1001440757.

Togosep a déjà à son actif, dans le même domaine d’actions, la construction de la morgue de Lomé et celle de Notsé, réalisées dans les règles de l’art. La construction et l’exploitation d’une morgue relèvent d’expertises rares pour le moment au Togo, et Togosep se positionne aujourd’hui comme la référence en la matière.

Vue partielle de la morgue de Notse construite par Togosep

Le PPP incontournable
Une morgue pour réduire les conséquences liées à la manipulation, la conservation des corps à domicile dans la commune Yoto 2 et par-delà dans toute la préfecture, pour traiter les dépouilles mortelles dans le respect de leur dignité, est une initiative hautement salutaire. Le partenariat public privé, mode de financement par lequel une autorité publique fait appel à des prestataires privés pour financer et gérer une entité publique, s’impose dorénavant comme la clé de voûte de développement des collectivités territoriales où les besoins des populations sont immenses et multidimensionnels.

Le PPP est bien adopté depuis des décennies par les pays développés, et plus encore aujourd’hui par les pays en développement, dans le but d’éviter l’inflation de la dette publique. L’Etat togolais privilégie aujourd’hui cette politique, en témoigne le Plan national de développement (PND) qui implique une forte participation du secteur privé à hauteur de 65%.

Toujours avec la même approche, l’exécutif de Yoto 2, sous le leadership du maire Sylvestre Ayawavi Adjra, saura enclencher une nouvelle dynamique pour aller chercher un partenaire technique et financier qui prendra en charge la construction d’un centre hospitalier, l’autre priorité en matière de santé publique dans la préfecture de Yoto.

3 thoughts on “Une morgue dans le Yoto 2 : allégresse des populations, de l’intox et une polémique farfelue des mortels

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