FC Espoir a raflé dimanche, pour le compte de la 3e journée de la D1 Lonato, la palme du beau jeu, tout en s’adjugeant le trophée des pieds nickelés en attaque.
Sorties de balle assurées de la défense, séquences de jeux collectifs merveilleusement orchestrées grâce à de longs tissus de combinaisons techniquement bien tissés, bon quadrillage des zones, les poulains de Théophile Bola ont produit un spectacle des plus alléchants de cette journée de championnat. Mais leur offre a été ternie par le festival horrible des attaquants diablement maladroits dans une défense de l’Entente 2 complètement immergée.
Ce festival démarre dès la 2e minute. Sur une action rondement menée, Coco Aziadouvo d’un centre bien lifté retrouve Junior Essena dans la petite surface au pied du montant gauche de Idrissa Ogodjo; la reprise de l’attaquant des Vert et blanc finit dans le ciel clément du Stade de la JCA.
Malgré un milieu étoffé et quelques éclairs de génie sans grand impact de Victor Nukafu, FC Espoir prend le contrôle du jeu et s’installe dans le camp de l’adversaire. Une domination matérialisée par une pléthore d’occasions de buts étonnamment vendangées les unes après les autres.
Du retour des vestiaires, Entente 2 tente de sortir de sa torpeur et multiplie quelques assauts offensifs, mais très vite, Cesar Sehoume, Victor Nukafu, Yao Dosseh Fianyo-Toglan et compagnie ont été muselés par une solide défense organisée autour du capitaine Kouami Assouka. Celui-ci, au style Kolo Toure, puissant et impitoyable, s’érige en un mur infranchissable, terrassant avec vigueur et rigueur ses vis-à-vis, tout en apportant du soutien à l’attaque par ses longues traversées du terrain balle au pied.
Les deux équipes vont multiplier des changements, FC Espoir pour renforcer son arsenal offensif, Entente 2 pour parfaire son dispositif défensif. Theophile Bola lance Yao Assamoi Kouassi, Abel Ovotou et Joshua Adebayo, qui vont en rajouter au calvaire des Jaune et bleu de Kodjoviakope, sans pouvoir agir sur le marquoir.
Aux 28e, 30e et 37e, Yves Tengue, Coco Aziadouvo et Abel Ovotou sont en situation idéale pour scorer, mais passent toujours à côté. Très remuant, Assamoi Kouassi enclenche une belle séquence de jeu dans les dernières minutes depuis le flanc droit, et va hériter à la conclusion d’un caviar dans la surface, mais il va rater son dernier contrôle. Dernière grande illustration d’une soirée bien réussie par FC Espoir dans la production du jeu, obscurcie par une inefficacité lamentable devant les buts.
“Aujourd’hui, il n’y a eu qu’une seule équipe. C’est Tsévié qui a joué. Ils ont fat un très beau jeu mais très nul en attaque”, reconnaît honnêtement Bawa Bako, coach de Entente 2 de Lomé.
Trois matchs, deux points, zéro but marqué, la saison des attaquants de l’équipe de Zio n’a pas encore débuté.
Analyse tactique de FC Espoir
Theophile Bola a mis en place un 4-5-1 qui se décline ainsi : l’axe de la défense occupé par Kpakpatrou et Assouka, Joel Broohm et Armel Djogbema positionnés à gauche et à droite; Sokpa Didier et Kobie Konga devant la défense, Essena Junior et Adjahli Moïse sur les flancs gauche et droit; en attaque Yves Tengue, et Coco Aziadouvo est dans un rôle de meneur de jeu à la Belligham , assurant la liaison entre le milieu et l’attaquant de pointe.

D’entrée, il faut relever que ce système, tel que animé par Bola, vise à assurer la maitrise du jeu au milieu du terrain. Défendre avec ce système est relativement simple car beaucoup de joueurs, s’ils respectent le quadrillage des zones, se retrouvent toujours derrière le ballon au moment où l’équipe adverse sollicite ses attaquants. Ce qui fut le cas pour FC Espoir qui du coup, a affiché une grande solidité défensive par la présence de 4 défenseurs et de 5 milieux de terrain, une grosse densité au milieu favorisant une récupération haute et rapide du ballon, une équipe compacte avec une faible distance entre les 4 défenseurs et les 5 milieux. En première mi-temps, tout semblait bien marcher, sauf le défaut de latéralité du jeu, trop animé à gauche, alors que la création du danger venait plus de la droite. Cette situation se justifie par la transparence de Adjahli Moïse qui, sur les transitions offensives, dézone le plus souvent et se retrouve en milieu axial ou carrément sur le flanc gauche. Plusieurs fois se sont offertes des possibilités d’ouvrir le jeu à droite, mais le flanc droit est resté inoccupé, ce qui oblige les porteurs de balle à changer d’orientation. Illustration concrète, à la 36e, sur une rentrée de touche sur le flanc gauche, Adjahli Moïse vient jusque sur le flanc gauche demander la balle, sur la contre offensive qui suit, son latéral, Armel Djogbema, repousse la balle de la tête pour son ailier. Adjahli, qui revenait du flanc gauche, se retrouve à moins de dix mètres, et ne pouvait pas rattraper la balle, qui va mourir en touche, ce qui pouvait être une nouvelle offensive pour prendre la défense adverse au dépourvu.
Heureusement le coach, faisant une très bonne lecture du jeu, a vite sorti Adjahli Moïse en seconde partie. Ses défauts ont été bien corrigés par son remplaçant Assamoi Kouassi, ce qui va rendre le jeu plus ouvert et plus spectaculaire, avec des assauts offensifs répétés venant du flanc droit.
Autre point discutable de ce système, l’occupation de l’attaque par un seul attaquant. Cet attaquant de pointe dans un tel système doit disposer d’une palette de jeu complète : jeu en pivot, remises dos au but, jeu de tête, frappe de loin, conservation du ballon et capacité à se sacrifier pour l’équipe. Il est appelé également à fournir de gros efforts défensifs pour gêner les relances adverses, à intervenir sur toute la largeur du terrain en variant ses appels et positionnement pour déstabiliser l’équipe adverse. On peut constater que FC Espoir n’a pas ce profil d’attaquant qui répond à toutes ces exigences, du moins pas Yves Tengue. Ce dernier affiche une capacité athlétique acceptable, et un sens de sacrifice poussé, mais doit encore améliorer bien de choses, notamment son jeu de tête, le cadrage des frappes, ses déplacements sans ballon, tout en aiguisant son sens du but et son opportunisme. Dans un contexte où l’attaque est frileuse, il aurait été plus productif d’utiliser de manière classique deux attaquants de pointe, et confier à un des deux joueurs du milieu axial un rôle plus offensif, en soutien aux attaquants.
Aussi avons-nous réalisé que FC Espoir se montre plus dangereux sur les offensifs préparés depuis les flancs mais excelle moins dans les jeux en profondeur par défaut de déplacements cohérents dans l’attaque, une thématique qui mérite d’être travaillée davantage, tout comme la reprise plus travaillée des 2e ballons avec un cadrage des frappes, et l’usage efficient de la supériorité numérique en attaque. A défaut de faire mouche directement, il faut cadrer les frappes, pour provoquer des situations confuses dans la surface. En gros, il faut saluer la qualité du recrutement des Vert et blanc de Zio qui disposent d’une mine d’individualités de grands talents.
Avec un travail de fond, cette équipe promet.
Yves GALLEY
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