L’industrialisation est au centre de tous les développements économiques, et le sous-développement de l’Afrique est en corrélation avec son faible taux d’industrialisation. Conscient de l’importance de l’industrie comme moteur du développement, de nombreux pays africains en avaient fait une priorité au lendemain des indépendances, mais le manque de vision politique, l’instabilité politique, le manque d’infrastructures, le faible niveau d’intégration régionale, le faible accès aux financements, entre autres, et aujourd’hui le terrorisme, se dressent comme obstacles sur le chemin de l’industrialisation.
Mais ces dernières années, l’engagement des dirigeants africains à relever le défi devient plus ferme. Le Togo, particulièrement, se démarque, en se donnant les moyens de s’affranchir des obstacles en lançant une série de projets de développement de l’écosystème industriel. Au premier rang, la Plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA), un nouveau parc industriel intégré et multisectoriel inauguré le 6 juin 2021.
Cette détermination à assurer la souveraineté économique grâce à l’industrialisation a été confirmée par le ministre Kodjo Adedze en charge du commerce et de l’industrie dans un brillant discours réaliste à la tribune du Commonwealth à l’occasion de la Réunion des Ministres du Commerce du Commonwealth au titre de l’année 2023, tenue les 05 et 06 juin à Londres, dans la capitale britannique.
Après avoir, au nom de la République Togolaise, exprimé la profonde gratitude et la reconnaissance du peuple togolais aux instances dirigeantes du Commonwealth pour les facilités accordées au Togo dans son processus d’adhésion au Commonwealth, le ministre Kodjo Adedze a, dans son exposé, révélé la vision togolaise sur la résilience contre les chocs exogènes et défini le modèle requis pour poser les bases d’un développement autocentré.
« Chers Homologues, nous sommes très heureux et voudrions compter sur la disponibilité et le savoir-faire de chacun des pays membres du Commonwealth pour grandir très rapidement à vos côtés et aussi apporter notre modeste contribution à cette noble ambition. Chacun des pays ici présent dispose d’un énorme potentiel, que ce soit les politiques et stratégies résilientes mises en œuvres, que ce soit les secteurs productifs essentiels dont nous disposons, les matières premières, le capital humain, en l’occurrence les femmes et les jeunes ou encore le savoir-faire nécessaires au développement des chaines de valeur et d’approvisionnement globales de nos économies. Nous voulons changer de paradigmes en œuvrant davantage pour la valorisation et la transformation surplace de nos matières premières pour plus de valeur ajoutée tout en limitant autant que possible les chocs exogènes… Nous souhaitons vivement bénéficier de tous les programmes du Commonwealth qui contribuent au développement économique et commercial des Etats membres », expose M. Adedze.
Carrément une théorie de développement proche de la théorie de Rostow, axée sur un modèle d’industrialisation par substitution aux importations, modèle consistant à produire localement les biens nécessaires pour satisfaire la demande intérieure et à protéger les entreprises locales de la concurrence étrangère.
Le changement de paradigme que préconise le ministre togolais est une étape incontournable pour tous les pays moins avancés. C’est pour soutenir sa vision d’industrialisation que le Togo a décidé de jouer la carte de la diversification de la coopération avec d’autres Etats dans plusieurs domaines, les enjeux de la mondialisation obligent, afin de multiplier ses capacités de production et de transformation des matières premières sur le plan endogène, surtout dans le domaine de l’industrie manufacturière.
L’entrée du Togo dans le Commonwealth se révèle donc, pour le Togo, une grande opportunité pour relever les défis de l’atteinte des objectifs du développement durable.