Donald Trump inculpé : des poursuites à double tranchant

Accusé de falsification de documents comptables, l’ancien président des Etats-Unis, déjà en campagne, profite de ce spectacle médiatique à portée mondiale pour attaquer la justice et mobiliser ses partisans.

Après la saturation, la sidération. Ces deux dernières semaines, Donald Trump était redevenu l’astre noir des médias américains, autour duquel tout semblait tourner. Mardi 4 avril, la loi de la gravité judiciaire l’a ramené brutalement parmi le commun des prévenus. Le regard sombre, l’ancien président s’est livré pour une heure au tribunal de Manhattan, à New York, afin de prendre connaissance des chefs d’inculpation retenus contre lui par le procureur Alvin Bragg, qui joue sa crédibilité sur ce dossier débattu et contesté.

Donald Trump est poursuivi pour avoir falsifié à trente-quatre reprises les documents comptables de son groupe, la Trump Organization, « afin de dissimuler aux électeurs américains des informations dommageables et une activité illégale avant et après l’élection [présidentielle] de 2016 », précise un communiqué du procureur.

« Attraper et tuer » (« catch and kill ») : c’est ainsi que se nomme le « stratagème » mis au point plus d’un an avant ce scrutin par le candidat républicain avec des proches et des conseillers, afin de prévenir toute révélation négative sur sa vie privée. Il s’agissait d’acheter le silence des personnes concernées en obtenant l’exclusivité de leurs témoignages, sans rien publier.

Dans son communiqué, le procureur explique qu’entre « août 2015 et décembre 2017 », l’ex-président avait organisé le versement d’une série de paiements à trois personnes.

Le premier – 30 000 dollars (27 375 euros) – a été fait au profit d’un portier de la Trump Tower, qui « prétendait détenir des informations sur un enfant né hors mariage », non confirmées par la suite. Le second, de 150 000 dollars, visait à acheter l’exclusivité d’une affaire sexuelle impliquant Donald Trump avec une vedette du magazine érotique Playboy, Karen McDougal. A chaque fois, le groupe American Media Inc, contrôlant le tabloïd The National Enquirer, a procédé aux versements. Il était dirigé par David Pecker, un ami. Lors d’une réunion organisée dans la Trump Tower, en août 2015, ce dernier avait promis d’être « les yeux et les oreilles » du candidat, s’engageant à prévenir les mauvais coups et à publier des histoires défavorables aux autres candidats républicains, précise le résumé de l’instruction publié mardi.

Lemonde

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