Le branle-bas des cupides et assoiffés de détournements a plongé, ces derniers mois, la microfinance Coopec Solidarité dans un tohu-bohu agaçant et préjudiciable. Godome Déwouna, directeur légalement licencié, tente de bouger les piliers de la justice, et de s’attirer le couvert d’autorités politiques pour faire entorse à toutes les normes, afin de se maintenir, à tout prix, à son poste. En bon procédurier misant sur le pouvoir de cassation au bout de la chaîne judiciaire, il réussit à mettre sous sa coupole le président de la Cour suprême, Akakpovi Gamatho, en prenant en otage son indépendance et son impartialité par le biais du recrutement de son fils, Perrin Mawule Gamatho, comme chef service recouvrement.
Le hic, le processus de recrutement est jugé opaque, entaché d’irrégularités inconcevables, dénoncées et remises en cause par le Conseil d’administration (CA), et même par la Commission bancaire de l’Umoa. Le dossier présenté par Perrin Gamatho pour son recrutement est réduit juste à un curriculum vitae, sans une lettre de demande d’emploi. Lui, retenu à la fin, parce que reconnu meilleur des trois postulants au poste, n’a même pas eu la moyenne minimale requise pour être admissible. A l’évaluation, en matière de connaissance de l’institution dans laquelle il est appelé à travailler, le futur chef service recouvrement de Coopec Solidarité a récolté un ridicule 1/10, normalement synonyme d’élimination directe. Les dessous scabreux d’un recrutement sans la moindre lueur de transparence, une enquête signée du journal La Symphonie.
Le recrutement de Perrin Gamatho comme chef service recouvrement a été marqué par plusieurs violations des procédures administratives de la Coopec Solidarité, notamment l’absence de termes de référence, de publication d’appel à candidatures, de procédure formelle de pré-sélection et d’inscription au budget ainsi que de l’obtention, par le candidat retenu d’une note de 17,5/40 à l’issue des tests pour une moyenne minimale requise de 20/40. Toutes les interpellations et injonctions du Conseil d’administration pour la suspension provisoire dudit recrutement n’ont réussi à stopper l’élan de Godomé Déwouna, alors directeur de Coopec Solidarité.
Absence d’avis à candidature
Le projet de recrutement n’a fait objet d’aucune information publique, ni sur les médias, ni par affichage au sein de la Coopec, comme l’exigerait la procédure en vigueur. Or, dans les règles, l’embauche se fait, suivant le manuel des procédures administratives de la Coopec Solidarité (page 124, point 4.2), notamment par promotion interne, affichage d’une offre d’emploi au sein de la Coopec, diffusion de l’offre sur les médias, voie de stage, par essai et engagement définitif à la suite d’un rapport concluant. La procédure impose la définition du profil du poste, des qualifications requises, des différents dossiers à produire, de l’adresse pour le dépôt du dossier et de la date limite de dépôt.
Ces différents éléments auraient permis de réaliser une présélection digne de ce nom pour le poste à pourvoir, mais le recrutement orchestré par Godome Déwouna dans le cas d’espèce a royalement contourné toutes ces étapes. La présélection a été unilatéralement faite, puisque c’est lui-même qui, main à main, a transmis les dossiers des trois candidats soumis au test d’interview au chef service administratif et juridique. Les trois dossiers n’ont donc pas suivi le circuit normal défini dans les procédures, puisqu’ils ne portent aucun cachet de courrier reçu du secrétariat de l’institution. Non référencés au secrétariat, ces courriers n’ont donc pas été officiellement transmis à la Coopec Solidarité.
Dossiers des candidats incomplets
Les dossiers des trois candidats se résument aux curricula vitae. Perrin Gamatho et un autre candidat, n’ont introduit aucune demande d’emploi, ce qui est le cas pour le troisième, mais ce dernier a clairement souhaité travailler au département Comptabilité Contrôle Audit. Le profil du poste n’étant pas défini concrètement, c’est le désordre total, juristes et comptables compétissent pour le même poste. Les dossiers des candidats incomplets n’avaient rien pour faciliter la tâche aux membres du jury qui ne disposent, dès lors, pas d’éléments probants pour apprécier les postulants à leur juste valeur.
Un jury à la solde de Godome
Sans aucune note de service, Godome Déwouna coopte trois membres pour constituer le jury devant désigner le candidat retenu. Et des trois jurés, tous cadres de la Coopec Solidarité, aucun n’a été désigné pour la présidence de la séance de sélection, en violation de toutes les bonnes pratiques. Le procès-verbal sanctionnant la séance a été truffée d’erreurs grossières. « Le processus a consisté en la sélection des dossiers et cette opération a permis de retenir trois candidats », renseigne le PV, alors que le travail effectué par le jury n’a permis de sélectionner qu’un candidat, et non trois. La sélection des dossiers étant faite en amont par Godome Déwouna qui, seul, savait ce qu’il faisait, et où il allait.
Par ailleurs, des erreurs se sont glissées dans la totalisation des notes attribuées aux deux candidats non retenus à l’issue de l’interview. Sur le PV, le score obtenu par l’un est de 16/40 alors qu’il devrait être de 14,5/40, l’autre a obtenu 13,5/40 au lieu de 12/40. Des éléments qui décrédibilisent ce PV et qui portent atteinte à la sincérité des notes attribuées. En outre, le candidat retenu, Perrin Gamatho, aura été 3 à 5 fois plus cher que ses concurrents, il a formulé une prétention salariale mensuelle de 700 000 FCFA, alors que les deux autres ont souhaité respectivement des émoluments mensuels de 250 000 FCFA et de 150 000 FCFA.
Bras de fer avec le CA
Ce processus de recrutement a mis en lice Godome Déwouna et le Conseil d’administration élu le 1er juin 2019 à l’issue d’une assemblée générale ordinaire (AGO). L’ex directeur de Coopec Solidarité, engagé dans une rébellion contre son employeur (le Conseil d’administration) résiste et s’oppose à toutes interpellations et injonctions émanant de ce dernier dans le cadre du recrutement du fils du président de la Cour suprême. Le 07 juin 2019, le CA décide, à travers le courrier N/Réf. : 068/SOLI/PCA/19, de suspendre provisoirement et dans l’immédiat toutes les nominations, affectations et recrutements en cours, avant et après l’assemblée générale ordinaire.
Le même courrier demandait au directeur Godome de notifier à Perrin Gamatho, la suspension de son recrutement, et que son dossier soit envoyé au CA pour étude. Une correspondance qui restera lettre morte jusqu’ au 28 juin 2019 où le CA, par décision N°001/PCA/19, suspend définitivement le recrutement du chef section recouvrement. Piqué au vif, le sieur Godome Déwouna prend l’initiative, le même jour, de répondre au CA par courrier N/Réf. : 0412/SOLI/SD/19, présentant ses excuses pour le retard accusé à la réponse du courrier du 07 juin 2019, et, monté sur son escabeau d’arrogance, signifie au CA, que le processus de ce recrutement est terminé, et que l’embauche a été notifiée au candidat avant l’assemblée générale ordinaire, soit le 23 avril 2019. Qu’il ne peut donc pas procéder à la suspension. Une tactique destinée à mettre le CA devant les faits accomplis. D’après une source, les courriers échangés entre Godome Déwouna et Perrin Gamatho pour rendre le processus de recrutement inattaquable auraient été antidatés.
La grande confusion semée par les contenus desdits courriers en apporte la preuve. Le 23 avril 2019, un courrier N°Réf. :0251/SOLI/SD/19 a été adressé à Perrin Gamatho avec pour objet :’’Votre engagement’’. Il y est précisé que le destinataire est recruté en qualité de chef section recouvrement pour une durée indéterminée et que son salaire net sera de 650 000 FCFA le mois. Ce dernier a répondu à ce courrier le 25/04/2019 en confirmant sa prise de fonction sur le 11/06/2019. Après coup, un autre courrier N/Réf. :0333/SOLI/SD/19 a été encore adressé à Perrin Gamatho avec toujours comme objet : ‘’Engagement’’. Ce nouveau courrier rappelle la confirmation du destinataire à son poste mais cette fois-ci, pour une période d’essai de trois (3) mois renouvelable une fois, et qu’il devrait prendre fonction, non plus le 11 juin mais plutôt le 1er juillet 2019. A ce dernier courrier, Perrin Gamatho, visiblement agacé par la mise en scène de son employeur, n’a daigné répondre. Et depuis son admission dans la boîte, Perrin Gamatho, dans la peau de fils du président de la Cour suprême, quand bien même irrégulièrement recruté, s’affiche tel un intouchable, et s’est orgueilleusement hissé au-dessus de tous les employés.
Akakpovi Gamatho sous contrôle
Il est clair que l’opiniâtreté et l’impénitence affichées par Godome Déwouna dans cette affaire de recrutement sont nourries par un objectif précis : soumettre à sa domination le père du chef de recouvrement en cas de sollicitation pour de sales besognes dans la bataille judiciaire engagée contre le CA. Et aujourd’hui, les preuves sont là. Le 03 avril 2020, à travers l’ordonnance N°051/20, le président de la Cour suprême, Akakpovi Gamatho, met en sursis l’ordonnance N°102/2020 du président de la Cour d’appel de Lomé rétractant l’ordonnance N° 1408/19 du vice-président de la même Cour, qui imposait abusivement des restrictions aux pouvoirs du président du conseil d’administration de la Coopec Solidarité, Gabriel Legba-Mony. Cette décision, inique à tous points de vue, viole de manière flagrante tous les principes de Bangalore sur la déontologie judiciaire, lesquels sont pourtant défendus, de toutes ses forces, par M. Akakpovi Gamatho dans ses prérogatives de président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
Dans sa décision controversée, le président Gamatho a effacé, par exploit de contorsions, tous les motifs des requis concluant au rejet de la requête à fin de sursis à exécution de l’ordonnance attaquée, notamment l’exception d’incompétence de la Cour suprême du Togo, l’exception d’incompétence de son président et l’irrégularité du pourvoi. Des démonstrations prodigieusement ficelées sur le plan juridique mais qui, au fin fond, frisent le ridicule à partir du moment où le président de la plus haute juridiction en matière administrative et judiciaire, est lié par des affinités de nature à faire obstacle à son indépendance et à son impartialité. Un membre de sa famille (son fils de surcroît) ayant un intérêt dans le résultat de son action. Mawulé Perrin Gamatho, est en effet salarié à Coopec Solidarité. Le bon magistrat, avant de juger une affaire, s’assure que toutes les conditions sont réunies pour garantir son impartialité et que sont remplis tous les critères pouvant assurer la protection effective des droits de l’homme et une justice équitable.
Dans le cas d’espèce, Akakpovi Gamatho est conscient qu’il est incapable de décider de façon impartiale, mais a choisi de faire un embargo sur la bonne pratique, celle de se récuser, pour prononcer un sursis qui protège les intérêts de celui qui a fait de son enfant bien-aimé un salarié au bulletin de paye lourd (près de 800 000 comme salaire de base). Nous apprenons qu’après que le Conseil d’administration de Coopec Solidarité ait pris ses responsabilités en “chassant” Godome Déwouna de son bureau, le président de la Cour suprême aurait pris une nouvelle ordonnance (nous y reviendrons). Tout cet exposé vient corroborer, de manière irréfutable, l’hypothèse selon laquelle Godomé Déwouna, en fin tacticien et manipulateur, a utilisé le recrutement de Perrin Mawulé Gamatho pour poser un revolver sur la tempe de son père, tout-puissant magistrat devant qui finit tout périple judiciaire au Togo en matière administrative et judiciaire.
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